Ce qui distingue les chefs de file du domaine géospatial
Les chefs de file vont au-delà de la technologie et concentrent leurs efforts à bâtir une organisation et une culture qui favorisent le savoir géospatial. Cela conduit immanquablement à une hausse des résultats.
Les organisations canadiennes en tête de peloton dans le domaine de la veille géographique n’ont pas atteint ce statut par hasard. Selon une nouvelle étude d’IDC Canada, les organisations concurrentielles et fructueuses grâce aux données et aux analyses géospatiales se distinguent par leur engagement envers 14 pratiques fondamentales. En quoi les chefs de file se démarquent-ils? Quelles sont ces pratiques fondamentales? Et que peuvent faire les organisations pour se joindre à ce groupe des chefs de file?
Faisons ensemble un tour d’horizon.
En quoi les chefs de file se démarquent-ils?
Les organisations sont inondées de données. Les milliards d’appareils connectés et les vastes entrepôts de données historiques donnent aux entreprises un accès sans précédent à des renseignements sur leurs clients, leurs opérations et les communautés qu’elles servent.
Une grande partie de ces données sont géospatiales, ce qui signifie qu’elles sont liées à un emplacement sur la planète. Les données géospatiales permettent aux organisations de répondre à un ensemble unique de questions. Où installer notre prochain point de vente au détail de façon à maximiser les ventes? Comment rediriger le trafic pendant les travaux sur des routes de façon à réduire au minimum les embouteillages? Comment utiliser les images satellitaires pour repérer de manière rapide et précise les biens endommagés durant une tempête?
À elles seules, les données géospatiales constituent une puissante matière première. Mais comme toute matière première, la vraie valeur vient de ce que vous en faites. Dans le cas des données géospatiales, vous pouvez en tirer des renseignements qui vous donneront un portrait éclairé de vos activités et vous aideront à résoudre des problèmes sous des angles uniques.
Les organisations qui excellent à générer des renseignements à partir de données géospatiales se dotent d’un puissant avantage concurrentiel. Cette capacité prend pour nom la veille géographique.
Comme toute capacité, la veille géographique varie d’une organisation à une autre. Certaines organisations parviennent mieux que d’autres à générer des résultats. La clé est de comprendre ce qui distingue les organisations et ce qui permet à certaines de se démarquer.
Selon l'étude, les organisations se classent généralement dans l’une des cinq catégories de compétence en matière de veille géographique. Dans le cas qui nous occupe, la compétence fait référence à l’efficacité d’une organisation à tirer des résultats opérationnels de la veille géographique. Voici un résumé de chaque catégorie.
Déficitaire : Ces organisations n’ont pas de stratégie géospatiale et sont relativement sous-développées sur les plans des connaissances, des processus et des technologies de pointe. La plupart d’entre elles disent que la veille géographique est une capacité organisationnelle importante, mais leurs efforts dans le domaine présentent des lacunes.
En développement : Ces organisations ont une vision et une stratégie géospatiales informelles, mais admettent que celles-ci touchent un ensemble restreint d’intervenants. Quelques pratiques organisationnelles matures peuvent être en place, souvent axées sur des capacités géospatiales fondamentales comme la gestion des données.
En émergence : Ces organisations disposent d’une stratégie géospatiale consignée par écrit couvrant plusieurs secteurs d’activité. Généralement, ces organisations ont mis en œuvre une architecture technologique plus souple et plus adaptative. De meilleures pratiques à l’égard de la durabilité sont souvent observées dans cette catégorie, notamment une meilleure intégration avec le soutien informatique.
En expansion : Ces organisations ont une stratégie géospatiale bien développée et s’efforcent de faire évoluer leurs capacités à l’échelle de l’organisation. Les entreprises concernées font état d’une plus grande maturité à l’égard de certains indices facilitateurs tels que le perfectionnement professionnel, le partage des données entre les services et le cadre de gouvernance.
Avancé : Ces organisations sont des chefs de file dans le domaine de la veille géographique. Dans cette catégorie, une stratégie géospatiale à l’échelle de l’organisation permet de s’assurer que la veille géographique éclaire la prise de décisions à tous les niveaux. Ces organisations sont imprégnées d’une culture d’innovation, de collaboration et de sensibilisation aux questions géospatiales.
Les organisations avancées disposant de stratégies géospatiales ciblées (entre autres facteurs de différenciation) ont systématiquement obtenu de meilleurs résultats opérationnels que les autres organisations. Ces organisations ont signalé (en moyenne) une amélioration des résultats opérationnels de 18 % pour les deux dernières années, soit près du double de ce que beaucoup d’organisations déficitaires ont signalé.
La nature des résultats opérationnels était également nettement plus stratégique dans le cas des organisations avancées. Ces organisations ont indiqué que la veille géographique était utilisée pour améliorer leur marque et leur réputation, réduire les temps de réponse et même générer des avantages organisationnels. Cela contraste avec les organisations moins compétentes, qui se concentrent davantage sur les améliorations touchant les coûts et la productivité.
Les résultats ont été uniformes dans tous les secteurs d’activité, mais certains secteurs sont plus avancés que d’autres. Les secteurs de l’énergie et des administrations municipales, en particulier, ont affiché la plus forte proportion d’organisations avancées et en expansion. Ces secteurs utilisent depuis longtemps la technologie géospatiale, et leurs activités couvrent de vastes zones géographiques. La localisation est au cœur même de leurs activités. Sans surprise, bon nombre des organisations les plus performantes représentent ces secteurs d’activité. Cela dit, des chefs de file sont présents dans tous les secteurs, et ceux qui se démarquent ont excellé à adapter des capacités géospatiales à leur dynamique opérationnelle unique.
Sur quoi les chefs de file concentrent-ils leurs efforts?
Pour mieux comprendre ce qui mène au succès des organisations exemplaires, nous devons comprendre ce qu’elles font bien. Quelles sont les pratiques communes observées dans les organisations qui obtiennent de meilleurs résultats?
Il s’avère que les organisations avancées concentrent leurs efforts sur un ensemble de 14 pratiques dans cinq domaines clés. Chaque pratique est en corrélation étroite avec une amélioration des résultats opérationnels, ce qui indique qu’il s’agit de pratiques « fondamentales » pour le succès de la veille géographique. Ces pratiques sont également en corrélation étroite les unes avec les autres, ce qui indique qu’elles peuvent être considérées comme des « habitudes clés ». Cela signifie qu’elles contribuent à la mise en place d’autres bonnes habitudes et à leur consolidation. Vous trouverez ci-dessous un résumé des 14 pratiques touchant les cinq domaines clés de la veille géographique : stratégie, technologie et données, organisation, culture et savoir.
Stratégie
Les chefs de file du domaine géospatial ne laissent pas le succès au hasard. Ils établissent avec soin des stratégies qui déterminent comment tirer parti des données géospatiales, de la technologie et de l’expertise connexe pour atteindre les objectifs organisationnels stratégiques. Ces stratégies vont au-delà d’un ou deux services internes et couvrent l’ensemble de l’organisation.
Les pratiques fondamentales des chefs de file relevant de « la stratégie » sont les suivantes :
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Mesure et suivi des résultats opérationnels : Méthodes quantitatives rigoureuses pour faire le suivi des résultats opérationnels découlant des initiatives et investissements dans le domaine géospatial
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Alignement stratégique : Harmonisation étroite entre la stratégie géospatiale, la stratégie informatique et la stratégie organisationnelle
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Soutien des parties prenantes : Large soutien de la part des parties prenantes concernées, avec une attention constante portée à la compréhension des besoins des divers intervenants
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Engagement de la direction : Engagement actif et soutien de la haute direction à l’égard des initiatives géospatiales
Technologie et données
Les meilleures organisations se dotent de bases techniques reposant sur des plateformes géospatiales extensibles et flexibles et sur des données accessibles et facilement partageables. Ces organisations reconnaissent que les données sont au cœur de la veille géographique. Elles mettent donc en œuvre des outils et des méthodes qui maximisent la capacité de leurs employés à extraire des renseignements liés aux activités.
Les pratiques fondamentales des chefs de file relevant de « la technologie et des données » sont les suivantes :
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Évolutivité et flexibilité : Plateformes infonuagiques et plateformes-services permettant une mise à l’échelle facile et un déploiement rapide de nouvelles applications
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Accès et partage : Normes et processus rigoureux en matière de qualité des données, contrôle des accès clairement défini et appliqué au moyen de politiques et de processus matures consignés par écrit, partage rendu possible grâce à des portails de données prenant en charge les données géospatiales
Organisation
Au-delà de la technologie et des données, les chefs de file reconnaissent que les personnes talentueuses et les processus robustes sont les moteurs d’un succès durable. Un engagement envers l’embauche de gens de talent, mais aussi envers le perfectionnement des aptitudes en fonction des exigences de l’organisation est la clé de l’excellence touchant la dimension humaine du domaine géospatial. En outre, les chefs de file renforcent leur capacité d’assurer le bon fonctionnement des opérations quotidiennes et établissent un cadre de surveillance à long terme de la gouvernance.
Les pratiques fondamentales des chefs de file relevant de « l’organisation » sont les suivantes :
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Perfectionnement professionnel : Objectifs clairs en matière de perfectionnement des compétences, financement de formations et possibilités de perfectionnement
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Cadre de gouvernance : Cadre de gouvernance géospatiale distinct axé sur des politiques et des normes efficaces plutôt que sur une bureaucratie centralisée, pouvoir décisionnel favorisant les personnes les plus compétentes
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Intégration du soutien et de l’exécution de projet : Intégration solide du soutien des systèmes géospatiaux à la fonction globale de soutien informatique, solide méthodologie d’exécution des projets avec une surveillance active et des mesures du rendement
Culture
La veille géographique est plus que la somme des compétences et de l’expertise de chacun des intervenants. Les attitudes d’une organisation, ses dispositions et la façon dont elle encourage l’innovation et la collaboration ont une incidence considérable sur l’adoption des capacités géospatiales. Les organisations qui ont une culture d’innovation et de collaboration ont tendance à tirer de meilleurs résultats de leurs investissements dans le domaine géospatial. Ces organisations ont également tendance à promouvoir plus directement les initiatives et les capacités géospatiales, en plus d’être plus sensibilisées aux nouvelles tendances que les organisations à la traîne.
Les pratiques fondamentales des chefs de file relevant de « la culture » sont les suivantes :
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Innovation : Haute direction faisant de l’innovation une priorité absolue soutenue par des fonds dédiés
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Collaboration : Collaboration étroite entre un large éventail d’intervenants
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Promotion et sensibilisation : Mise en valeur et célébration à grande échelle des initiatives et des réussites, personnel dévoué s’engageant de manière proactive auprès des parties prenantes pour les sensibiliser aux nouvelles possibilités géospatiales et ouvrir de nouvelles perspectives
Savoir
Dans une organisation, le moteur de l’intelligence en matière d’emplacement dépend en définitive de l’utilisation qui est faite de cette technologie. Il ne suffit pas de disposer d’une stratégie par écrit, de logiciels de haute technologie et d’experts au sein de son personnel. Pour tirer parti de cette intelligence, les gens doivent adopter des outils géospatiaux et un savoir-faire qui leur permettront de générer des renseignements à partir des données et de résoudre des problèmes opérationnels concrets. Plus ces capacités sont appliquées de manière étendue et créative, mieux c’est. Les chefs de file savent mobiliser les capacités géospatiales de nombreuses façons et les appliquer à de nombreuses fonctions organisationnelles. L’étendue et la diversité de leurs capacités géospatiales sont la clé de leur succès. Ces organisations sont très compétentes quant à l’application des capacités géospatiales à leurs activités.
Les pratiques fondamentales des chefs de file relevant du « savoir » sont les suivantes :
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Modes d’utilisation : Adoption généralisée de la technologie géospatiale, y compris les cas d’utilisation traditionnels comme la cartographie et la gestion des données et les cas d’utilisation avancés comme les analyses d’emplacement, le suivi en temps réel et l’engagement des intervenants
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Capacités opérationnelles : Soutien d’un large éventail de fonctions opérationnelles traditionnelles et non traditionnelles (c.-à-d. qui ne se limitent pas à quelques communautés d’utilisateurs conventionnelles)
Comment se joindre au groupe des chefs de file?
En parcourant cet article, vous avez probablement tenté de situer votre organisation sur le plan des compétences en veille géographique. Vous vous êtes peut-être demandé comment rejoindre le groupe des chefs de file.
La première étape consiste à faire un diagnostic comparatif. Comment votre organisation se compare-t-elle aux chefs de file du domaine géospatial dans votre secteur d’activité? Quelles sont vos forces et vos faiblesses à l’égard des pratiques fondamentales relevées dans l’étude? Quelles améliorations devez-vous apporter pour combler l’écart? Les réponses à ces questions vous aideront à concentrer vos efforts et à prendre des mesures profitables pour vos résultats.
Au-delà de cela, évaluez vos principaux défis. Selon l’étude d’IDC, les principaux obstacles à la réussite pour les organisations déficitaires sont notamment une mise en œuvre difficile de la technologie, un manque d’intégration organisationnelle et un manque de compétences géospatiales. Travaillez à surmonter ces obstacles en établissant une stratégie géospatiale ciblée. Certains de ces obstacles sont complexes, et tous sont interreliés. Pour les surmonter, il faut adopter une approche qui met l’accent sur l’intégration des personnes, des processus et de la technologie.
N’oubliez pas, le leadership est un parcours. Ceux qui l’entreprennent en récoltent les fruits. Soyez honnête quant au degré de maîtrise de la veille géographique au sein de votre organisation et travaillez à combler les lacunes. En mettant en œuvre ce que les chefs de file font bien et en adaptant leurs pratiques dans votre organisation, vous pouvez vous positionner au premier plan.
Pour en savoir plus, consultez notre livre numérique L’ABC de la stratégie géospatiale pour les responsables.
Ce billet a été écrit en anglais par Matthew Lewin et peut être consulté ici.