L’avenir du travail
L’effervescence est à son comble dans les services de ressources humaines depuis que tout le monde a compris que les façons de travailler continueraient d’évoluer dans de nouvelles directions. Voilà bien le sujet de l’heure qui a fait l’objet d’une table ronde intitulée « L’avenir du travail dans le secteur public », dans le cadre du récent sommet DX organisé par Canadian Government Executive. Bon nombre des participants présents à cet événement étaient des intervenants du gouvernement fédéral. Lisez ce billet de blogue pour un résumé des points saillants.
Selon Isabelle Caron, de l’École d’administration publique de l’Université Dalhousie, l’un des plus grands défis est le fait que le travail à domicile brouille la frontière entre le professionnel et le personnel.
De nombreux employés ne disposent pas d’une pièce inutilisée ou d’un espace séparé à aménager en bureau, de sorte qu’ils font souvent leur travail dans leur salon (comme moi). Souvent, un employé pense qu’il doit compenser le temps passé à faire une course au milieu de la journée en faisant des heures supplémentaires ou en se rendant disponible tard en soirée. Et il ne faut pas oublier que tous les foyers ne disposent pas nécessairement d’une bonne bande passante haute vitesse et sécurisée.
Certains gestionnaires ont considéré qu’ils avaient perdu leur « contrôle » d’autrefois sur les employés. Ils s’effrayaient de ne pas voir de leurs yeux les gens travailler, même si de nombreux fonctionnaires fédéraux ne travaillaient qu’un jour ou deux par semaine à la maison. « Les personnes sont soit productives, soit improductives », déclare Mme Caron. « Un gestionnaire qui regarde par-dessus l’épaule d’un employé ne rend pas automatiquement ce dernier plus productif. » Selon le travail qu’elles accomplissent, certaines personnes sont plus productives quand elles sont moins interrompues, et le lieu ne fait pas une grande différence en la matière. Paradoxalement, la façon de gérer des personnes à distance permet de départager les gestionnaires performants et non performants.
Mme Caron prévient qu’à mesure que la pandémie se résorbera et que les gestionnaires demanderont aux gens de retourner au bureau, les travailleurs pourront à juste titre leur opposer qu’ils « faisaient très bien leur travail à la maison et qu’il n’y a pas de raison de ne pas continuer à le faire ».
Certaines personnes souhaitent se rendre dans un bureau parce qu’elles vivent dans un foyer multigénérationnel. Certains s’ennuient des séances de remue-méninges qui ont lieu au bureau. Certains jeunes avouent se sentir abandonnés lorsqu’ils travaillent ou vivent seuls. Mais la plupart des gens ne veulent pas se rendre au bureau tous les jours afin d’éviter de faire la navette.
Alex Miller confirme que c’est ce que révèlent les sondages menés auprès des employés d’Esri Canada, et il prévient que le travail à domicile ne peut plus être vu comme un simple cadeau devant inspirer la défiance des gestionnaires. Au contraire, les gestionnaires sont tenus de faire preuve de créativité et de s’adapter à la situation, ou ils perdront des employés. Nous assistons à un virage générationnel : il y a plus de personnes qui quittent le marché du travail comparativement à celles qui y entrent, et après la pandémie, les employés ont des attentes différentes. Aux États-Unis, un bon nombre d’employés démissionnent pour travailler comme ils le souhaitent, et c’est ce qui se passera également au Canada, a-t-il prédit, même dans le secteur public.
« Le travail, c’est ce que vous faites, pas où vous allez », affirme-t-il, citant Kevin Radford, ancien sous-ministre adjoint des services immobiliers au gouvernement fédéral.
M. Miller souligne que le travail à distance (et, à Esri Canada, presque tous les emplois peuvent être effectués à distance) a un impact énorme sur les petites villes et certains villages. Esri Canada a triplé le nombre de personnes travaillant à son bureau d’Halifax. Il y a une forte migration vers les provinces, où les logements sont moins chers. En outre, si le secteur public était en mesure de répartir ses employés de manière égale dans tout le pays, il pense que ces personnes auraient une perspective beaucoup plus large en matière de création de politiques.
Le travail à domicile pourrait également révolutionner le transport personnel. Les gens auront peut-être un jour des bureaux mobiles : de petites voitures électriques équipées d’un bureau, de la climatisation et de l’intimité. Si l’on a besoin de vous au bureau, vous vous y rendez et travaillez dans l’aire de stationnement.
« Ce n’est pas de la science-fiction. Volkswagen y travaille » précise M. Miller.
Pour entendre d’autres réflexions de la part d’Alex Miller à propos de l’avenir, écoutez la baladodiffusion Geographical Thinking portant sur l’histoire et l’avenir des SIG.
Ce billet a été écrit en anglais par Mary Ambrose et peut être consulté ici.