La cartographie participative est-elle une source pertinente de données spatiales?
Toutes les applications SIG nécessitent le recours à une forme ou une autre de données géospatiales. Mais d’où ces données proviennent-elles, et comment les développeurs et les utilisateurs s’assurent-ils de les exploiter correctement? La cartographie participative est-elle une source potentielle de données géospatiales? Lisez ce billet de blogue pour découvrir comment évaluer la cartographie participative et vous assurer de respecter toute limitation quant à l’utilisation des données.
Les SIG, tant web que traditionnels, exploitent des données spatiales. Quelle est alors votre stratégie pour obtenir de telles données?
Un moyen consiste à collecter ses propres données, mais cela peut être très coûteux, en temps comme en argent, et occasionner des erreurs. Un autre moyen d’obtenir des données consiste à les acheter à un fournisseur de données spatiales, mais cela peut également être coûteux, et les licences associées à ces données limitent souvent leur utilisation en aval et la création de produits dérivés.
Il est également possible d’obtenir des données ouvertes, toutefois, de telles données ne sont pas toujours disponibles sur votre zone d’intérêt et sont parfois obsolètes ou incomplètes. Vous pouvez aussi utiliser la cartographie participative (ou information géographique volontaire), mais cette méthode présente également certains pièges.
J’ai récemment assisté à la présentation d’un conférencier qui parlait de la création d’OpenStreetMap (OSM), un projet mondial de cartographie participative. Il expliquait que le processus de cartographie reposait initialement sur l’utilisation d’un récepteur GPS, d’un ordinateur et d’un vélo. Il était alors suffisant de recourir à cet équipement rudimentaire pour cartographier une zone. Quelques mises au point ont permis d’améliorer la technologie, et le système de collecte est devenu suffisamment fiable pour recueillir des données de qualité acceptable. C’est alors que le mouvement OSM a vu le jour, et que des bénévoles de partout dans le monde ont été formés et ont pu collecter de la même manière des données sur leur région, avant de les publier sur la carte OSM.
Exemple de fond de carte des rues d’ArcGIS Online pour la Ville de Mont-Tremblant, au Québec. Ce fond de carte fait référence au service en direct de cartes en feuillets du projet OpenStreetMap (OSM).
Le conférencier indiquait clairement que la qualité des données OSM variait selon qui les avait collectées, toutefois, le résultat final était utile. Il a également mentionné que la qualité de ces données était suffisante pour certaines applications, mais peut-être pas pour d’autres. Par exemple, elles peuvent être utiles pour créer un itinéraire pédestre de visite d’une ville, mais pas pour faire se déplacer des véhicules autonomes. Il est donc important que l’utilisateur sache et comprenne quelle est la qualité minimale requise des données dont il a besoin. En d’autres termes, qu’il se demande si les données sont adaptées à leur usage prévu.
Au cours du même événement, un autre conférencier a mentionné qu’à ce jour, au Canada, il y avait eu très peu de litiges relatifs à l’utilisation de la cartographie participative. Il a indiqué que pendant un temps, les gouvernements subissaient une forte pression pour utiliser des données spatiales de sources officielles, lesquelles sont généralement considérées comme plus précises et plus actuelles. Toutefois, les gouvernements commencent à se pencher avec un intérêt croissant sur les données de la cartographie participative, en raison de leur abordabilité, de leur disponibilité et des avantages qu’elles présentent, même si elles peuvent être associées à certains risques.
Les données ouvertes de la cartographie participative sont-elles réellement ouvertes?
La plupart des données de la cartographie participative sont ouvertes, mais bien souvent, elles ne sont pas visées par la licence de données ouvertes du gouvernement du Canada, laquelle est vraiment ouverte. En outre, nombre de ces données sont soumises à des restrictions voulant que tout produit ou produit dérivé les utilisant fasse mention de leur fournisseur. Cette restriction consiste à nommer la source originale des données. Dans certains cas, cela ne pose pas de problème, mais, par exemple, si vous utilisez des données de la cartographie participative dans une carte web, et que des tiers utilisent cette carte web dans une application, le fournisseur original des données doit être mentionné. Si les produits dérivés se multiplient, il peut être difficile de gérer correctement la mention des sources de données, et des problèmes juridiques peuvent alors se présenter.
Citons, à titre d’exemple d’initiative de cartographie participative du gouvernement, le projet pilote fondé sur l’approche participative de Statistique Canada. Ce projet, qui a commencé il y a plusieurs mois, couvre les régions d’Ottawa, en Ontario, et de Gatineau, au Québec. Il a utilisé la technologie OSM pour importer des données sur les contours de bâtiments en collaboration avec la Ville d’Ottawa. L’accent est désormais mis sur l’amélioration des données relatives aux attributs.
Un autre type de projet de cartographie participative est l’application de rétroaction sur la carte communautaire du Canada. Cette application permet aux utilisateurs de signaler des données erronées ou des entités manquantes, ou de laisser des commentaires sur le contenu de la carte communautaire. Ces commentaires ou « observations » sont, selon leur type et selon l’échelle de la carte, automatiquement envoyés au fournisseur des données aux fins d’évaluation et, s’il y a lieu, de correction.
Les utilisateurs de la carte communautaire du Canada peuvent soumettre leurs observations par l’intermédiaire d’une application, par exemple indiquer, comme dans l’illustration ci-dessus, que des bâtiments sont absents de leur couche.
La cartographie participative représente-t-elle donc une solution pour toutes les organisations? Pas tout à fait. Elle peut toutefois être utilisée dans certaines applications, mais les développeurs et les utilisateurs de ces dernières doivent porter attention à la qualité des données et respecter toute restriction quant à leur utilisation.
Ce billet a été écrit en anglais par Gordon Plunkett et peut être consulté ici.