Les technologies de rupture transforment-elles le modèle d’utilisation des SIG?
L’avènement de l’Internet et de la communication instantanée entre les personnes, les communautés et les entreprises a transformé et amélioré nos vies. La créativité humaine ne connaissant pas de limites, la communication entre l’homme et la machine évolue constamment. Mais cette révolution Internet réinventerait-elle aussi le modèle d’utilisation des SIG?
Chaque jour amène son lot d’histoires sur les perturbations causées par l’Internet dans le domaine de la vente au détail, alors que changent les habitudes d’achat des consommateurs et de la société dans son ensemble. Le fait qu’un plus grand nombre de gens choisissent d’acheter des marchandises en ligne et de les faire livrer à domicile bouleverse profondément le secteur du commerce de détail. Les entreprises ont du mal à conserver leurs parts de marché dans leurs établissements physiques, tout en offrant une expérience en ligne hors pair à leurs clients.
Lorsqu’il est question de processus opérationnels, le terme « modèle » est utilisé pour décrire une série d’interactions perceptibles et prévisibles, représentant un comportement inédit ou établi. Ces interactions peuvent être reproduites et modélisées dans le cadre d’un processus opérationnel. Par exemple, dans le cas qui nous occupe, on peut dire que le modèle de vente au détail a considérablement changé depuis l’avènement de l’Internet.
Qu’en est-il du modèle d’utilisation des SIG? Est-ce qu’Internet change notre manière d’utiliser les SIG et d’interagir avec eux? Examinons la situation.
Pour déterminer si le modèle d’utilisation des SIG a changé ou s’il change présentement, nous devons analyser ce qu’il était avant la montée en popularité de l’Internet. Pour ce faire, nous examinerons les étapes qui étaient généralement effectuées dans une application SIG au cours des années 1990. Dans le cas d’une application de bureau, ces étapes étaient les suivantes :
- Définir un objectif (formuler la question à laquelle on souhaite trouver une réponse).
- Concevoir une méthodologie ou un flux de travaux (sélectionner les outils appropriés).
- Trouver les données pertinentes (explorer et préparer les données).
- Effectuer une analyse (soumettre les données aux différents outils).
- Étudier et améliorer les résultats (évaluer les conclusions et modifier le processus au besoin).
L’étape la plus ardue de ce processus était sans doute de trouver et de préparer les données. Règle générale, on estimait que cela pouvait prendre de 60 à 80 % du temps d’exécution total du projet. Les données n’étaient parfois tout simplement pas disponibles. On recommençait alors le processus de collecte des données pour tenter d’en trouver de nouvelles qui seraient utilisables, ou bien l’on abandonnait tout simplement le projet.
Parmi les autres problèmes posés par la préparation des données, on retrouve l’analyse des volumes, des coordonnées des systèmes de référence, des formats et modèles, des échelles cartographiques, des accords juridiques et de l’actualité des données. Il fallait généralement vérifier l’uniformité de tous ces éléments afin que l’application fonctionne correctement. Chaque projet était unique et nécessitait la plupart du temps d’apporter des ajustements aux jeux de données afin d’assurer la cohérence de l’ensemble. Avec tout le travail que cela exigeait, rien d’étonnant à ce que l’exploration et la mise en forme des données soient devenues des étapes de plus en plus complexes et coûteuses en ressources.
Figure 1 : Exemple de projet SIG entrepris par Roger Tomlinson et une équipe gouvernementale, visant à créer des cartes pour le document Possibilités agricoles des sols : Inventaire des terres du Canada, publié en 1976.
Avec le temps, les SIG web ont évolué, donnant naissance à de nouvelles façons de faire, par exemple :
- Interroger des catalogues en ligne pour obtenir des données cartographiques et des cartes web.
- Examiner les données pour vérifier qu’elles sont adaptées à l’usage prévu.
- Accéder à toutes les couches de données pertinentes dans une application web.
- Lancer une application SIG.
- Étudier les résultats et les publier sur le web pour que tous puissent en profiter.
Une grande partie du travail fastidieux se fait maintenant à l’insu de l’utilisateur. Règle générale, le développeur de l’application n’a plus à se soucier des systèmes de coordonnées ou des volumes, des modèles, des formats et de l’actualité des données. Les applications web modernes permettent même d’intégrer et d’utiliser facilement à la fois les données matricielles et les données vectorielles.
Figure 2 : Application web moderne montrant les données temporelles du Landsat pour le NDVI, superposées sur la carte du document Possibilités agricoles des sols : Inventaire des terres du Canada pour la région de Calgary, en Alberta.
En conclusion, le modèle d’utilisation des SIG a-t-il changé avec l’arrivée des applications web? Assurément. L’utilisateur n’a plus à se préoccuper de nombreux détails techniques, les cadres de développement d’applications pouvant maintenant prendre en charge une grande variété de scénarios. Il est même possible de développer certaines applications sans avoir à programmer quoi que ce soit. Mieux encore, l’utilisateur peut décider de la manière dont il souhaite publier et partager ses résultats, que ce soit avec une petite communauté ou avec le monde entier.
Prenons par exemple le nouveau logiciel phare d’Esri, l’application SIG de bureau ArcGIS Pro. Ce logiciel 64 bits offre une panoplie de fonctions professionnelles 2D et 3D sous une interface très conviviale. Il améliore sensiblement la visualisation, l’analyse, le traitement des images, la gestion des données et la capacité d’intégration.
De plus, ArcGIS Pro est pleinement compatible avec les données et services web, ce qui facilite et accélère le développement et l’utilisation d’applications web. Cette capacité de mise au point rapide change la donne, puisqu’elle permet aux utilisateurs d’obtenir des données en peu de temps et de publier immédiatement des cartes ou des applications lors d’une catastrophe ou d’une intervention d’urgence, ou même tout simplement pour produire la carte dont leur patron a besoin sur-le-champ.
En résumé, le modèle d’utilisation des SIG a beaucoup changé avec l’omniprésence grandissante de l’Internet. Toutefois, même si des progrès considérables ont été accomplis en matière de développement et d’utilisation d’applications SIG web, on peut encore faire mieux. Je suis impatient d’assister à l’optimisation de l’expérience des utilisateurs et des développeurs de SIG au cours des prochaines années. À suivre!
Ce billet a été écrit en anglais par Gordon Plunkett et peut être consulté ici.