Vous planifiez un réseau de transport? En voiture!
Avec l’avènement et la popularité grandissante des services de transport à la demande et autres options de mobilité personnelle, la pertinence à long terme des transports en commun est remise en question. De nos jours, les planificateurs de réseau de transport utilisent des outils à la fine pointe de la technologie afin d’offrir un service plus fréquent, visant un plus grand nombre d’usagers et leur donnant accès à des destinations importantes.
Mardi, fin d’après-midi, 37 °C, pas un nuage à l’horizon. Je m’en souviens comme si c’était hier : au moins cinq personnes s’agglutinaient autour de moi, leurs mains s’agrippant au poteau comme si leur vie en dépendait, leurs visages à quelques centimètres du mien. Certains avaient les yeux rivés sur leur téléphone, d’autres dormaient littéralement debout ou contemplaient le plafond. Nous étions tous en sueur et si tassés qu’il n’y avait nul besoin de lutter pour garder l’équilibre face au léger balancement du véhicule qui nous transportait. Nous aurions pu opter pour le confort d’un véhicule personnel, mais nous aurions alors cheminé à la vitesse de la tortue. Notre manque criant d’espace nous semblait donc un bon compromis. Contrairement aux voitures circulant sous nos pieds, nous filions vers la prochaine station à 60 km/h.
Cette scène se déroulait à bord du Skytrain de Bangkok, grand triomphe du transport collectif; on y voit des masses de passagers s’entassant dans des wagons sur le point d’éclater sous la pression. La plupart de ces passagers optent pour les transports en commun parce que se promener en voiture à Bangkok est souvent moins rapide que de marcher, particulièrement sur Sukhumvit Road où je séjournais.
Heureusement, nous n’avons pas la même densité de population au Canada. Toutefois, la ville de Bangkok a réussi un beau coup en offrant aux personnes de tous âges et de tous horizons la liberté de se déplacer. Le Skytrain n’a pas été conçu pour un profil d’usager précis ou pour offrir un service à un groupe particulier. Il s’agit d’un système de transport public tout à fait impersonnel pensé pour transporter un grand nombre d’usagers et desservir plusieurs endroits.
Les planificateurs de réseau de transport reviennent maintenant à un concept de base, soit d’offrir un service à tous leurs passagers, que ce soit avec des métros en zone urbaine ou avec un service d’autobus à la demande en milieu rural dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Certains planificateurs tentent encore d’accroître artificiellement le nombre de passagers. Toutefois, d’autres ont découvert que les usagers sont plus enclins à utiliser un service simple, fréquent, pratique et adapté aux piétons. Les plus astucieux comprennent qu’ils perdraient leur temps à essayer de prédire les activités de chaque passager ou les endroits où ils désirent aller. Il s’agit d’une cible mouvante, difficile à atteindre. Mieux vaut utiliser des outils reposant sur des données pour appréhender la situation et mieux connaître les usagers du transport collectif, leur degré de satisfaction et leur facilité à se rendre aux endroits importants. C’est ainsi qu’on en arrive à concevoir un système commode permettant de se déplacer en toute liberté. C’est bien le but, non?
L’image ci-dessous illustre un trajet d’autobus, ainsi que deux interprétations différentes des zones desservies par ce trajet. La ligne blanche représente la méthode classique pour délimiter la couverture géographique : elle cible simplement une zone « tampon » située à une distance fixe du trajet. La zone grisée est une représentation beaucoup plus réaliste, fondée sur la véritable durée de marche pour se rendre à l’arrêt; elle tient compte du fait que les gens n’aiment généralement pas traverser les routes à grande circulation, patauger dans les ruisseaux ou sauter des clôtures, obstacles dont fait fi la méthode classique.
Figure 1 : Zone tampon classique par rapport à la durée de marche réelle
Voici une représentation similaire du potentiel piétonnier d’un réseau de transport collectif. On y voit clairement les zones situées à plus de cinq minutes de marche du réseau. De plus, cette carte indique le temps s’écoulant entre chaque passage à un arrêt. La fréquence est illustrée par différentes nuances de couleur : les tons pâles correspondent à des fréquences de service plus élevées.
Figure 2 : Variations de la fréquence de service à moins de cinq minutes de marche d’un trajet
Aborder le problème en sens inverse permet d’obtenir une nouvelle perspective. Prenons pour exemple l’image ci-dessous, qui montre un supermarché et le degré d’accessibilité pour un temps de déplacement inférieur à quinze minutes. La couleur pâle représente un trajet effectué à pied, tandis que la couleur plus sombre comprend aussi un trajet en transport collectif.
Figure 3 : Trajet de quinze minutes à pied par rapport à un trajet de quinze minutes en transport collectif
En complétant ces renseignements sur les zones desservies avec des données démographiques sur la densité de population, le nombre de résidents et le nombre d’emplois, les planificateurs obtiennent un portrait juste de leur système de transport collectif et de son efficacité.
Figure 4 : Analyse des besoins en matière d’accès aux supermarchés en transports en commun
De nos jours, les planificateurs de réseaux de transport utilisent les outils SIG sophistiqués d’Esri pour réaliser ce type d’analyse spatiale. En les combinant aux ressources et aux outils traditionnels de planification, ils ont tous les atouts en main pour répondre aux besoins croissants en matière d’infrastructure de transport en commun fiable et de grande étendue au Canada.
Selon l’Association canadienne du transport urbain, l’utilisation des transports collectifs au pays est en hausse constante, étant passé de 2 milliards de trajets en 2012 à 2,1 milliards en 2015. Le gouvernement fédéral a aussi respecté l’engagement pris en 2017 de verser 20,1 milliards de dollars pour l’infrastructure du transport en commun.
Les Canadiens optent de plus en plus souvent pour le transport collectif ou d’autres moyens de transport autres que leur véhicule privé. Petit à petit, le transport multimode devient plus simple et les usagers ont une plus grande liberté de choix. Bien sûr, ce n’est pas demain la veille que nous nous entasserons dans des wagons comme à Bangkok, mais grâce aux outils SIG d’Esri reposant sur les données, les planificateurs sont mieux outillés pour concevoir des réseaux de transport en commun offrant à tous une grande liberté de déplacement.
Si vous désirez en savoir plus sur l’utilisation des SIG dans le domaine du transport collectif, joignez-vous à notre webinaire le 25 juillet 2017 : Vous planifiez un réseau de transport? En voiture!
Remarque du rédacteur : L’enregistrement du webinaire est maintenant disponible ici.
Ce billet a été écrit en anglais par Arif K. Rafiq et peut être consulté ici.