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Que pensent les directeurs des systèmes d’information du secteur public et de quoi parlent-ils?

En tant qu’ancienne directrice des systèmes d’information, je suis souvent intriguée par l’évolution des rôles et des attentes associés à ce type de poste. Il y a moins de dix ans, les directeurs des systèmes d’information dans le milieu municipal étaient principalement responsables de bâtir et de fournir la technologie. Aujourd’hui, ils sont considérés comme des dirigeants éclairés. Ils fournissent une orientation à leurs supérieurs sur une gamme de technologies et ils favorisent l’éclosion des talents, la collaboration et l’innovation dans l’ensemble de l’organisation et pour tous ses intervenants.

Lorsque j’ai commencé ma carrière, le SIG était géré et utilisé par un groupe de professionnels qui recueillaient, compilaient, entretenaient et publiaient les données. Nous reconnaissions déjà l’importance de la localisation et de l’analyse. Nous avions ce métier à cœur et nous l’aimons toujours, mais force est de constater que les choses s’améliorent. Plus de 5,5 millions d’abonnés dans le monde ont compris la valeur offerte par ArcGIS. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : un milliard de cartes, plus de 50 millions de téléchargements de données ouvertes et 350 000 organisations. N’est-ce pas excitant d’être témoin des débuts d’une véritable technologie de transformation?

C’est excitant, sans aucun doute, mais c’est aussi un peu stressant. Nous sommes dans une ère de transformation numérique. Suivre les changements technologiques et l’évolution des besoins et des demandes de la communauté que vous servez vous met sous une pression énorme. De plus en plus, la technologie est utilisée non seulement pour recueillir et conserver de l’information d’intérêt public, mais également pour déterminer comment mettre cette information à profit pour résoudre des problèmes touchant nos communautés. Trouver l’équilibre entre toutes ces priorités et les attentes supplémentaires visant à favoriser l’émergence du talent, de l’innovation, voire de l’invention peut être décourageant. Tout cela entraîne un changement de rôle pour les directeurs des systèmes d’information, ce qui était le thème du Sommet des directeurs des systèmes d’information du secteur public d’Esri qui s’est tenu cette année à Redlands, en Californie. Des directeurs des systèmes d’information provenant d’organismes gouvernementaux du monde entier y ont partagé des histoires sur la façon dont ils transforment leur organisation et, par le fait même, leur propre rôle. L’événement a été stimulant et instructif, et le tout s’est déroulé sous un magnifique soleil. Difficile de demander mieux.

Des directeurs des systèmes d’information du secteur public de partout dans le monde se sont réunis pour découvrir les plus récentes stratégies de déploiement des SIG à l’échelle de l’organisation et pour entendre des chefs de file de l’innovation et des technologies proposer de nouvelles avenues pour s’adapter à un monde en mutation.

Jack Dangermond, président d’Esri, a donné le coup d’envoi à l’événement en partageant quelques exemples impressionnants de personnes et d’organisations qui innovent avec notre technologie. Sa présentation m’a rappelé qu’ArcGIS prend en charge à la fois des systèmes d’information géographique (SIG) complets et des applications simples de cartographie et de localisation que le public utilise au quotidien. La technologie Esri ne s’adresse pas seulement aux utilisateurs professionnels des SIG, elle convient à tout le monde.

Invention ou innovation?

Teri Takai est la directrice générale du Center for Digital Government aux États-Unis. Lors de la conférence, Mme Takai a mis l’accent sur l’utilisation créative de la technologie : « L’innovation se trouve souvent dans les applications concrètes de nos meilleures technologies. L’innovation ne repose pas toujours sur l’invention. » À ce jour, la plupart des organisations semblent encore penser que l’invention est la seule façon d’innover. À titre d’exemple, il y a une idée fausse selon laquelle les données ouvertes sont utilisées uniquement pour créer de nouvelles applications. Pourtant, si vous songez au contexte ou aux récits que vous ajoutez à vos données, vous n’inventez rien, mais vous pourriez très bien être en train d’innover.

Les municipalités disposent de beaucoup de données et d’informations qu’elles utilisent pour créer des endroits où les gens peuvent vivre, travailler et se divertir. Elles sont et ont toujours été orientées vers les services. Lorsque vous utilisez des flux de travaux, des données et des éléments de contexte pour travailler de manière différente (pour prendre des initiatives stratégiques au lieu de vous concentrer uniquement sur les tâches opérationnelles), vous innovez. Mon point de ralliement est d’aller au-delà de la prestation de services et de s’attaquer à des objectifs stratégiques en mettant l’accent sur la valeur opérationnelle d’une citoyenneté fondée sur les données. Les organismes gouvernementaux sont bien équipés pour le faire, car ils ont tout ce dont ils ont besoin : les gens, les processus, les données et la technologie. Vous n’avez pas nécessairement besoin d’invention pour innover. Comme le dit Mme Takai, vous avez besoin de synergie et de collaboration.

Commencer petit et viser grand

Pendant une table ronde avec Teri Takai et Therese Empie, Jack Dangermond a donné le conseil suivant aux directeurs des systèmes d’information : « Il y a un vieux dicton qui dit qu’il faut faire quelque chose pour être quelque chose et avoir quelque chose. Oubliez tout ça, et contentez-vous d’être, tout simplement. » Ce principe s’applique particulièrement bien aux organisations qui sont dépassées par l’étendue de la technologie et les besoins de leur communauté, mais limitées en ressources.

J’encourage les municipalités à commencer petit et à croître graduellement. C’est le premier pas qui compte le plus.

En matière d’approche par étape pour la mise en œuvre des SIG, Maple Ridge, en Colombie-Britannique, avec son portail du gouvernement ouvert, et Brampton, en Ontario, avec son portail GeoHub des données ouvertes, sont d’excellents exemples de municipalités qui ont planifié leur croissance de manière échelonnée. Toutes deux ont reçu des éloges à l’occasion de ce sommet des directeurs des systèmes d’information. Allez les municipalités canadiennes!

Les organisations n’innovent pas du jour au lendemain. Elle commence par établir des fondements et créer un cadre organisationnel qui soutient l’innovation tout autour. Chris Capelli, directeur du développement commercial international chez Esri, a simplifié le casse-tête de l’innovation en présentant neuf modèles courants d’utilisation d’ArcGIS qui fournissent un cadre d’innovation, parce que « le raisonnement spatial est vraiment une compétence essentielle de la vie et du travail ». Vous pouvez télécharger une affiche de ces modèles dans GeoNet.

Chris Capelli, directeur du développement commercial international chez Esri, présente les neuf modèles courants d’utilisation d’ArcGIS qui fournissent un cadre d’innovation.

Avec l’aide de ces modèles, vous pouvez :

  1. Cartographier ce que vous avez déjà fait (p. ex., soutenir une intervention d’urgence).
  2. Trouver des lacunes (p. ex., optimiser et améliorer la mobilité sur le terrain).
  3. Envisager ce qui vient ensuite (p. ex., entrer en relation avec des électeurs).

Brenda Wolfe, chef de produit chez Esri, a souligné l’importance de la participation et de la responsabilisation des citoyens. Les dirigeants municipaux se demandent souvent pourquoi ils devraient entrer en relation avec leurs citoyens. Wolfe a révélé une étude faite par Independent Sector, qui établit la valeur d’une heure de bénévolat à 24,14 $ pour l’année 2016. Pensez à ce que cela pourrait représenter pour votre organisation si vous suscitiez la participation de l’ensemble de votre communauté.

Les commentaires de Mme Wolfe ont provoqué une discussion sur l’utilisation de l’analyse spatiale pour obtenir des informations, et sur la façon dont Waze suscite l’implication de la communauté, y compris l’administration municipale, pour partager des informations en temps réel sur les routes et la circulation, ce qui permet à tous les utilisateurs de la solution d’économiser du temps et de l’argent.

Nick O’Day, directeur des données à la Ville de Johns Creek en Géorgie, a indiqué que l’un des plus grands gains de son organisation à l’égard des données (ou les gains les plus rapides) découlait de l’utilisation des données de Waze pour aider à allouer des fonds sur certaines routes afin d’améliorer la circulation.

Les directeurs des données Barbara Cohn, du département des Transports du Colorado, Sari Ladin-Sienne, de la Ville de Los Angeles, Tyler Kleykamp, de l’État du Connecticut et Nick O’Day, de la Ville de Johns Creek, discutent des nouvelles possibilités de déployer des données en les envisageant comme un actif d’entreprise plutôt que comme un risque potentiel à gérer.

L’événement a été une source énorme de petits renseignements utiles. David Maloney, directeur des partenariats stratégiques et du développement à la National League of Cities, a déclaré que la principale priorité stratégique des villes est « presque toujours le développement économique », ce que je constate aussi ici au Canada. Viennent ensuite la gestion et l’amélioration de l’infrastructure, puis l’amélioration des services publics et des loisirs communautaires.

Les données et les analyses créent de la valeur

Jennifer Belissent, analyste principale chez Forrester, est une autre présentatrice qui m’a inspirée. Dans son exposé, elle a mis en lumière la recherche et les statistiques qui montrent que les données et les outils d’analyse ajoutent de la valeur aux flux de travaux organisationnels. Elle s’est concentrée sur les analyses descriptives, prédictives, prescriptives et préventives en faisant remarquer que de nombreuses municipalités ont du mal à franchir l’étape décisive permettant de tirer profit de ces processus.

Mme Belissent a mis en garde les municipalités contre les complexes à l’égard des titres de fonction. Comme il s’agit d’un nouveau domaine pour la plupart des organisations, il faut compter sur un « champion » pour gérer ces nouveaux processus. Désignez quelqu’un pour gérer les données, les analyses et la collaboration, et ne vous inquiétez pas outre mesure des titres de fonction. Généralement, les municipalités se concentrent entièrement sur la gestion des données et la gouvernance. Mais le temps est venu de déplacer les données sur la chaîne de valeur, de passer de l’exploration et de l’utilisation à l’innovation, qui aidera à franchir l’étape décisive permettant de tirer profit des possibilités des analyses prescriptives et préventives. À mon avis, cela tombe sous le sens.

Comme l’inventeur américain Thomas Edison l’a dit, « la valeur d’une idée réside dans son utilisation ». Il en va de même pour les données. J’aime dire que plus vous permettez à un grand nombre de personnes d’utiliser vos données, et plus vous le faites souvent, plus ces données ont de valeur. Si vous concentrez vos efforts sur la gestion des données, l’établissement d’analyses et la promotion de la collaboration, vous réussirez beaucoup mieux à franchir la fameuse étape décisive.

Mme Belissent a conclu avec cette remarque intéressante : aujourd’hui, les organismes gouvernementaux remplacent et améliorent leurs anciens systèmes par des systèmes modernes avec l’intention d’obtenir instantanément et de manière intrinsèque tous les avantages des nouvelles possibilités offertes, notamment l’analyse de données. Les organismes publics doivent se préparer à ce changement. Elle a suggéré certaines idées, telles que le jumelage d’un représentant de la génération Y avec un cadre, afin qu’ils puissent apprendre les uns des autres sur la façon d’utiliser la technologie moderne et partager leurs façons de penser, ou encore la mise en place d’un centre d’excellence en matière de renseignements, afin que les directeurs des systèmes d’information puissent exécuter de nouvelles stratégies et favoriser l’essor d’une culture axée sur les renseignements.

Le succès par les partenariats

Bien sûr, j’ai trouvé tout à fait fascinante la présentation sur les partenariats public-privé de James Killick, gestionnaire des partenariats internationaux chez Apple Maps. J’adore Apple Maps, donc j’étais excitée d’entendre parler de sa collaboration fructueuse avec Esri.

Son travail avec Esri sur ArcGIS Indoors aide les organisations à développer des applications qui améliorent l’accessibilité et l’expérience client. Entre autres exemples, mentionnons Loud Steps, une application de navigation intérieure pour les malvoyants, et SFMOMA, une application qui combine des technologies de contenu audio et de positionnement intérieur pour permettre aux visiteurs du musée de voir et d’entendre l’art d’une toute nouvelle façon. SFMOMA utilise l’application ArcGIS Indoors d’Esri et la fonctionnalité Blue Dot d’Apple pour le géorepérage. Elle tire également parti du gadget Perception de situation dans Web AppBuilder for ArcGIS pour les rapports d’incident et les informations sur la localisation à l’intérieur.

Apple adore les données, qui sont également le centre d’attention d’Esri et le mien. M. Killick a encouragé les municipalités à partager leurs données avec des licences ouvertes, en les incitant à s’assurer que leurs données sont réutilisables, ce qui signifie qu’elles peuvent être téléchargées dans des formats ouverts lisibles par des logiciels, et que les utilisateurs ont le droit de les réutiliser. Apple utilisera ces données ouvertes pour créer de meilleures expériences citoyennes. Si Apple peut le faire, vous le pouvez aussi. Allez les données ouvertes!

Cet événement a été riche de tellement d’autres éléments qu’il est impossible de tout présenter dans mon billet de blogue. Il était toutefois évident que le rôle du directeur des systèmes d’information est en train de changer, passant d’un « veilleur de système » à celui d’un dirigeant éclairé à la fois inspirant et innovateur. J’espère fortement voir un directeur des systèmes d’information canadien prendre part à une table ronde lors de l’édition 2019 du Sommet des directeurs des systèmes d’information du secteur public. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’événement 2018 ou si vous voulez vous impliquer en 2019, communiquez avec moi à l’adresse suivante : kstewart@esri.ca.

En attendant, je vous laisse avec cette citation de Phillip Leclair, directeur des systèmes d’information à la Ville de Pasadena : « Embrassez cette transformation numérique et sautez dedans à pieds joints! »

Ce billet a été écrit en anglais par Karen Stewart et peut être consulté ici.