Qu’est-ce qu’une infrastructure géospatiale et quelle est son importance?
Ces derniers temps, on entend de plus en plus parler d’infrastructure géospatiale. Certains gouvernements et organismes avant-gardistes envisagent même d’en créer une. Mais avant tout, qu’est-ce qu’une infrastructure géospatiale? La plupart des professionnels de la géospatiale sont habitués à utiliser une infrastructure de données spatiales (IDS) pour partager, visualiser et analyser des données géospatiales sur le web. Mais il semble y avoir une certaine confusion sur la nature de l’infrastructure géospatiale. Lisez ce billet de blogue pour comprendre ce qui distingue une infrastructure géospatiale d’une infrastructure de données spatiales.
Tout d’abord, remontons aux origines de l’IDS pour bien comprendre de quoi il s’agit. Tout le monde reconnaît Roger Tomlinson comme le « père des SIG », lui qui a inventé et créé le système d’Inventaire des terres du Canada à l’aide de principes SIG au début des années 1960. Mais savons-nous qui est le « père de l’IDS »? Il y a quelques années, nous avons eu une discussion en ligne à ce sujet avec des experts en SIG du monde entier. Personne ne sait vraiment qui a imaginé le concept et trouvé l’expression « infrastructure de données spatiales », mais trois noms sont souvent évoqués. Le mérite de cette invention revient donc à parts égales à John McLaughlin, David Coleman et Ian Masser.
Le concept d’IDS a vu le jour dans les années 1990, au début de l’ère d’Internet. Les gens voulaient partager et échanger leurs données SIG sur cette nouvelle autoroute de l’information. Des normes ont été élaborées pour encadrer le transfert de données spatiales avec les gouvernements, les organisations mondiales et d’autres parties intéressées, ce qui a créé un mécanisme fonctionnant partout dans le monde. Le Canada n’a pas fait exception à la règle en fondant l’Infrastructure canadienne de données géospatiales (ICDG). Les États-Unis ont institué la National Spatial Data Infrastructure (NSDI). Les Nations Unies ont de leur côté créé l’Infrastructure des données spatiales des Nations Unies (UNSDI). Cependant, la clé est que toutes ces IDS sont « interopérables ». L’interopérabilité est la capacité que possèdent des systèmes, appareils ou applications hétérogènes à se connecter, de manière coordonnée, au-delà des frontières organisationnelles pour récupérer, échanger et utiliser des données de façon collaborative entre les différentes parties.
L’interopérabilité des IDS a grandement simplifié le travail des praticiens des SIG en leur donnant accès à des données d’autres personnes plus facilement et plus rapidement que jamais. Cela a contribué à accélérer les projets SIG, les décideurs pouvant rapidement consulter les résultats. Cependant, les premières infrastructures de données spatiales, fondées principalement sur un codage personnalisé, étaient caractérisées par des pannes fréquentes, des performances instables et de faibles niveaux d’interopérabilité. Peu de temps après, les fournisseurs, dont Esri, ont commencé à intégrer les nouvelles normes internationales d’IDS. Aujourd’hui, Esri dispose d’une vaste gamme d’outils et d’API qui prennent en charge les IDS modernes et le partage de données spatiales.
Alors, si les IDS répondent à nos besoins, qu’est-ce qu’une infrastructure géospatiale et quelle est son importance pour la communauté SIG? Dans l’un de ses articles ArcNews, Jack Dangermond indique qu’une infrastructure géospatiale comprend plus d’éléments qu’une infrastructure de données spatiales, comme des données, des modèles de données, des flux de travaux, le positionnement, des SIG et des cartes. L’infrastructure physique comprend les objets physiques de base (les structures, les installations, les routes et les lignes électriques) qui sont nécessaires aux opérations d’une ville. Dans le même ordre d’idées, une infrastructure géospatiale englobe tout ce qui a trait à la géospatiale.
En pleine transition d’une économie industrielle à une économie de l’information, notre dépendance à l’égard de l’infrastructure physique s’accompagne d’une dépendance envers un nouveau type d’infrastructure : la connaissance géographique. Source de l’image : ArcNews – Hiver 2010
J’ai récemment écrit un article sur la commission géospatiale du Royaume-Uni, dont le mandat est de mettre en œuvre et d’entretenir une infrastructure géospatiale pour le Royaume-Uni. Le pays cherche ainsi à rehausser la productivité dans l’ensemble de son territoire au moyen des données géospatiales, de la collaboration et d’améliorations apportées aux processus et aux politiques. Pour résumer, une infrastructure géospatiale couvre tout ce qui est géospatial, comme les données, la technologie, les politiques et les gens. De son côté, l’infrastructure de données spatiales est plutôt axée sur la fourniture de données géospatiales sur le web. En d’autres termes, les IDS forment essentiellement un sous-ensemble d’une infrastructure géospatiale. Une autre façon de voir les choses est qu’une IDS est fondamentalement une infrastructure logicielle, alors qu’une infrastructure géospatiale comprend à la fois des composantes logicielles et autres. Les IDS et les infrastructures géospatiales sont en train de devenir des infrastructures essentielles pour les gouvernements, les communautés et les organismes.
Une infrastructure géospatiale couvre tous les aspects et les technologies liés à la géomatique. Parmi les exemples d’applications, mentionnons l’arpentage, la cartographie, l’observation de la Terre et les réseaux de capteurs.
Pour résumer, compte tenu de l’utilisation croissante des données géospatiales, il est important que les organisations et les gouvernements s’organisent, collaborent et établissent des normes pour mettre en œuvre et appliquer leurs capacités géospatiales. Par conséquent, une approche globale est à privilégier pour le traitement des technologies, des procédures et des données géospatiales. Même si l’infrastructure de données spatiales et l’infrastructure géospatiale semblent similaires, elles sont en fait très différentes. Je recommande à ceux qui souhaitent rester à l’affût des tendances de commencer à examiner le processus géospatial global de leur organisation, à explorer de nouvelles technologies et de nouveaux processus et à se pencher sur ce que d’autres font de leur infrastructure géospatiale.
Ce billet a été écrit en anglais par Gordon Plunkett et peut être consulté ici.