Kailey Nichols, lauréate Esri Young Scholar, encourage les femmes à suivre des études scientifiques
Notre concours annuel Esri Young Scholar au Canada donne un aperçu du type de recherches auquel les étudiants participent. Un nombre croissant de candidats utilisent les SIG pour explorer et traiter des questions sociales. Et comme la lauréate de cette année, Kailey Nichols, ils ont souvent été inspirés par des formateurs, des chercheurs et des analystes travaillant dans le domaine des SIG.
L’une des choses que j’apprécie le plus dans notre concours annuel pour l’attribution du prix Esri Young Scholars (EYS), outre le fait de voir le travail remarquable des étudiants, c’est d’observer les candidatures qui nous parviennent : Quand la première sera-t-elle présentée? Combien de personnes enverront la leur le dernier jour? Combien dans les deux dernières heures avant l’échéance? La date limite est toujours fixée à la fin du mois de mars ou au début du mois d’avril, une période de l’année très chargée pour les étudiants universitaires et qui coïncide souvent avec le Défi des applications des Centres d’excellence d’Esri Canada (ECCE). Il n’est donc pas surprenant que de nombreux étudiants préparent leur candidature jusqu’à la toute dernière minute (parfois littéralement).
Cette année, nous avons reçu 20 candidatures pour le prix EYS. La plupart d’entre elles émanaient d’étudiants à la maîtrise ou du premier cycle, et beaucoup portaient sur des questions sanitaires et sociales, comme la toxicomanie, l’accès aux soins d’urgence, les répercussions des inondations passées et futures sur les communautés, et l’évaluation des itinéraires cyclables. Les deux finalistes menaient des recherches dans le domaine de l’esthétique urbaine, mais avec des perspectives différentes. Le travail de Gonzalo Martínez Santos se concentre sur l’optimisation de la conception communautaire, tandis que celui de Hawjin Falahatkar se concentre sur la détection automatique des entités environnementales à partir d’images afin de contribuer à la conception d’espaces plus inclusifs.
Kailey Nichols, lauréate du prix Esri Young Scholar 2023 au Canada, est étudiante en sciences de l’environnement l’Université Saint Mary’s d’Halifax. Bien qu’à première vue ses recherches – sur le suivi de la restauration des côtes – se concentrent sur l’environnement naturel, elles ont également des implications sociales en raison des impacts et des risques posés par l’érosion côtière, l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation des ondes de tempête. Le type de restauration côtière qu’elle a étudié en particulier est le réalignement géré, qui est un exemple d’adaptation aux changements climatiques fondée sur la nature. Dans le cadre du projet de recherche de Kailey, le réalignement géré consiste à déplacer une digue vers l’intérieur des terres et à permettre le rétablissement d’une zone humide dans la région.
Dans le cadre de ses recherches, Kailey a effectué un travail de terrain dans le marais de Converse, en Nouvelle-Écosse. Lorsque j’ai appris qu’elle travaillerait cet été sur l’île de Southampton, au Nunavut, je lui ai demandé quelles étaient les similitudes et les différences entre les deux projets. Bien que les projets ne soient pas liés, « il y a des thèmes communs, notamment la restauration et le travail sur le terrain ». Kailey nous explique : « Je travaillerai sur un site dont les sols sont fortement contaminés, et je m’attends donc à ce que le travail sur le terrain présente des défis différents de ceux que j’ai dû relever ici, en Nouvelle-Écosse. Il s’agira principalement des mesures de sécurité relatives au travail avec des matières dangereuses que je n’ai pas eu à prendre en compte auparavant. Cependant, je pense que le travail sur le terrain sera d’une certaine manière plus facile, car je ne serai pas soumise à des températures de 30 degrés, à la boue de la baie de Fundy et à des moustiques parfois brutaux. »
L’un des critères de candidature au prix EYS est une déclaration personnelle décrivant l’expérience de l’étudiant avec la technologie SIG et ses prochains projets. (Avis aux futurs candidats : c’est dans cette déclaration personnelle que vous pouvez impressionner les juges par votre passion et votre enthousiasme pour les SIG.) Dans sa déclaration personnelle, Kailey dit avoir été inspirée par les femmes avec lesquelles elle a travaillé chez CB Wetlands and Environmental Specialists (CBWES Inc.). Je lui ai demandé de préciser.
Dans votre déclaration personnelle, vous avez écrit que le fait de voir des femmes faire un travail extraordinaire dans le domaine des sciences vous inspirait. Souhaitez-vous nous en dire plus sur ces femmes et sur le travail qu’elles accomplissent?
Ma superviseure, Danika van Proosdij de l’Université Saint Mary’s, a été une source d’inspiration pour de nombreux étudiants et collègues au cours des 20 dernières années – non seulement pour ses recherches de pointe et son dévouement à son travail dans le domaine de la restauration côtière et de la géomorphologie, mais aussi pour le chemin qu’elle a dû parcourir en tant que femme dans le domaine scientifique. Danika a permis à des femmes de réaliser leurs rêves en créant une équipe dans laquelle nous pouvons nous épanouir et contribuer au domaine de la science.
J’ai également été inspirée par tous les membres de CB Wetlands and Environmental Specialists, qui sont les principaux experts des provinces de l’Atlantique en matière de restauration des zones humides côtières et qui ont énormément contribué à l’enrichissement de mes connaissances dans ce domaine. J’ai eu beaucoup de chance d’apprendre et d’évoluer grâce à leur soutien. Ce sont Jennie Graham et Sam Lewis qui ont éveillé mon intérêt pour les SIG et m’ont permis d’élargir mes compétences en la matière. Leur expertise et leur volonté de me transmettre leur savoir ont été déterminantes dans ma décision de poursuivre dans le domaine de la géomatique. Jennie utilise depuis de nombreuses années les SIG pour étayer la conception de la restauration et Sam Lewis a fait progresser la télédétection au sein de l’entreprise grâce à sa passion pour les données spatiales de haute précision. Je suis très enthousiaste à l’idée de pouvoir continuer à apprendre auprès d’elles pendant ma maîtrise, cet automne.
Vous continuerez à utiliser des systèmes d’aéronef télépiloté (SATP) dans le cadre de vos recherches pour votre maîtrise. Quels sont les avantages de l’utilisation des SATP par rapport à d’autres méthodes de collecte de données? Y a-t-il des limitations?
L’un des principaux avantages de l’utilisation des SATP est la possibilité de collecter des données dans des zones inaccessibles ou difficiles d’accès au sol. Ils offrent également des avantages par rapport à d’autres systèmes d’imagerie par télédétection, comme la collecte fréquente de données et les images à haute résolution. Le traitement photogrammétrique des données SATP permet de générer des orthomosaïques, des nuages de points 3D et des modèles numériques de surface (MNS) qui peuvent être utilisés pour de nombreuses analyses différentes dans le cadre de la recherche et qui ont joué un rôle essentiel dans notre compréhension de l’évolution des systèmes de marais salés dans la baie de Fundy au fil du temps.
Photo oblique du site d’étude de Kailey, prise avec un SATP Phantom 4 RTK de DJI.
Bien que l’utilisation des SATP ait connu de nombreux progrès, elle présente certaines limites. Par exemple, les drones peuvent être coûteux et doivent généralement être utilisés par un pilote breveté. Pour la recherche dans les marais salés, certaines surfaces telles que les vasières peuvent être homogènes, ce qui pose des problèmes dans le processus photogrammétrique. Par conséquent, il existe des limitations quant au moment où les données doivent être collectées, car les relevés aériens effectués lorsque les sédiments sont hétérogènes (par exemple, fissurés) permettent d’obtenir des produits photogrammétriques plus précis. Ceci est important pour la recherche, car vos résultats ne sont généralement valables que dans la mesure où les données que vous avez utilisées pour les générer le sont aussi.
Y a-t-il un conseil que vous aimeriez donner aux femmes qui envisagent de faire carrière dans les SIG ou d’utiliser les SIG dans leur carrière?
En tant que jeune femme travaillant dans le domaine des sciences, je sais que les conséquences du syndrome de l’imposteur peuvent être très réelles et contraignantes. J’encourage les femmes qui envisagent de se lancer dans les SIG à franchir le pas, car cette technologie permet d’accomplir beaucoup de choses. Si vous avez la chance de tomber sur une équipe qui s’investit dans votre perfectionnement en géomatique, comme cela a été mon cas, il devient tellement plus facile d’évoluer dans le domaine des SIG et d’acquérir les compétences propres à ce domaine.