Découvrez l’équipe de la santé publique d’Esri Canada avec Sandy Watts
Vous êtes prêt à en savoir davantage sur la nouvelle équipe de santé publique d’Esri Canada? Voici tout d’abord Sandy Watts, notre responsable de secteur, Santé publique.
Esri Canada continue de miser sur son personnel et s’assure d’avoir les bons experts pour diriger ses programmes et élaborer des stratégies visant à accroître sa présence dans différents secteurs. Nous nous sommes récemment entretenus avec Alexander (Sandy) Watts, notre nouveau responsable de secteur, Santé publique, pour en savoir davantage sur son parcours et sur ce qu’il pense du paysage actuel de la santé publique. Il nous a également parlé de ses passe-temps lorsqu’il ne réfléchit pas à des façons d’appliquer les SIG au domaine de la santé publique.
Q1 : Sandy, pouvez-vous nous présenter un aperçu de votre expérience professionnelle?
Je me qualifie souvent d’épidémiologiste spatial, mais ma formation est en fait très interdisciplinaire. J’ai commencé par la recherche avec des diplômes en hygiène de l’environnement (B.A., McGill), en géographie de la santé (MSc, Université de Calgary) et en écologie spatiale (Ph. D., Université de Toronto). Je me suis spécialisé dans l’influence des changements climatiques et de l’utilisation des terres sur l’émergence et la propagation des maladies infectieuses. Toutefois, les SIG et l’analyse spatiale ont toujours été au centre de mes intérêts et représentent le fil conducteur de mon travail. Après mon doctorat, j’ai quitté le monde universitaire pour travailler à titre de responsable de la recherche et de l’analyse à BlueDot, une jeune entreprise torontoise (partenaire d’Esri Canada) spécialisée dans la surveillance des épidémies à l’aide de l’intelligence artificielle (IA). J’ai dirigé divers projets de développement de logiciels géospatiaux et de services professionnels, notamment avec des décideurs de haut niveau de l’Agence de la santé publique du Canada et des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis pour lutter contre les épidémies de Zika, d’Ebola et de COVID-19. En fait, notre groupe a été le premier au monde à publier des prédictions sur la propagation mondiale de la COVID-19 à partir de Wuhan. À BlueDot, j’ai été exposé à l’aspect commercial de la recherche en santé, et j’y ai acquis une expérience dans le développement de produits, la gestion de programmes et la prospection de clientèle. Je suis très enthousiaste à l’idée d’appliquer mes recherches et mon expérience dans le secteur, ici à Esri Canada.
Q2 : Vous avez 12 ans d’expérience de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Comment les méthodologies et le domaine ont-ils évolué au fil des ans?
La recherche universitaire suit souvent les tendances. L’une des tendances importantes en recherche épidémiologique est l’adoption croissante de nouvelles méthodes fondées sur les données, avec des outils numériques et des innovations technologiques dans diverses disciplines (comme la génétique, l’écologie, l’ingénierie et la géomatique). L’utilisation de la technologie génomique pour le diagnostic rapide ou la compréhension des chaînes de transmission a un avenir très prometteur. De plus, les innovations en matière de collecte de données en temps réel ont amélioré la façon dont nous évaluons l’aspect temporel dans les comportements de maladies infectieuses, ainsi que le moment où nous devons nous attendre à une transmission. Nous avons donc maintenant des spécialistes des données et des ingénieurs qui travaillent en collaboration sur des projets liés aux maladies infectieuses. C’est formidable, parce que l’on parle de systèmes vraiment complexes qui nécessitent une approche pluridisciplinaire appelant l’ensemble de la communauté des chercheurs. D’ailleurs, l’on constate que les chercheurs de ladite communauté sont de plus en plus à l’aise de partager leurs renseignements sur des portails de données ouverts.
Q3 : Vous vous êtes joint à Esri Canada après avoir travaillé dans une entreprise technologique qui applique l’IA à la surveillance des risques. Comment intervient l’IA dans la santé publique, selon vous?
En toute honnêteté, je suis un pragmatique en matière d’IA, car je ne pense pas nécessairement qu’il soit toujours utile de lancer des algorithmes d’IA sur un problème particulier. Mais un grand nombre des applications les plus puissantes de l’apprentissage profond, de l’apprentissage automatique et de la science des données sont nées de la volonté de disséquer les défis fondamentaux de la santé publique : comment le comportement humain influence-t-il la transmission? Quand et où pouvons-nous prévoir l’émergence d’infections spécifiques? Comment nos quartiers évoluent-ils au fil du temps? Quelle est l’intervention de santé publique la plus rentable compte tenu des ressources limitées? Et comme l’IA peut aider à mesurer nos paysages et nos populations à des résolutions spatiales et temporelles très élevées, nos prévisions en matière de maladies et nos modèles prédictifs peuvent devenir de plus en plus exacts et précis grâce à elle. Je pense que BlueDot se trouve à la fine pointe pour ce qui est de l’IA appliquée à la surveillance mondiale des pandémies, et que l’IA représente un avantage technologique patent. Certains travaux de l’école de santé publique de l’Université de Toronto utilisent l’IA pour regrouper les nouvelles recherches et en faire la synthèse en vue d’informer plus facilement et plus rapidement les spécialistes de la santé sur un volet précis des recherches. J’espère également que l’IA pourra aider à mesurer et à prévenir la propagation des infections résistantes aux antibiotiques. C’est un défi de santé publique qui se fait discret à l’heure actuelle, mais qui deviendra sérieux dans l’avenir. L’échantillonnage recourant aux données de localisation anonymes des appareils mobiles (ou IAG pour « intelligence artificielle géospatiale ») a été largement utilisé en cette pandémie de COVID-19 pour mesurer des choses comme l’utilisation horaire des hôpitaux, l’adhésion de la population aux politiques de distanciation sociale et la porosité des maisons de retraite à risque entre elles. Les plateformes de surveillance syndromique s’appuyant sur l’apprentissage automatique aident les analystes de la santé publique à détecter les aberrations ou les pics d’activité des maladies avant qu’une grappe ne se forme.
Je garde toutefois une certaine réserve à l’égard des méthodes IA. Celles-ci posent toujours des problèmes de confidentialité et peuvent être biaisées dans la manière de mesurer les populations, ce qui entraîne parfois une représentation faible ou absente des populations marginalisées ou vulnérables (qui ont le plus besoin d’équité en matière d’accès aux services de santé).
Q4 : En quoi l’intelligence de localisation vous captive-t-elle le plus?
J’adore les cartes depuis mon enfance, et je me passionne donc naturellement pour tout projet en santé qui démontre la valeur des cartes et de la pensée spatiale. Je crois que la plupart des gens aiment les cartes et les considèrent comme un moyen intuitif de comprendre le monde. Étant donné que nous sommes à l’ère de l’information (ou de la désinformation), une partie de moi est très ravie par l’idée d’utiliser des outils de visualisation cartographique et des cartes interactives, voire la réalité virtuelle, pour aider à déconstruire et à expliquer des problèmes ou des processus complexes pour qu’ils soient compréhensibles par un plus grand nombre de personnes, en particulier dans le domaine scientifique. Les tableaux de bord cartographiques se sont révélés très utiles pour les professionnels de la santé et les décideurs pendant la pandémie. Les citoyens peuvent utiliser des cartes accessibles au public pour mieux connaître le monde auquel ils participent et qui les influence. Les gens peuvent interagir avec les tableaux de bord cartographiques pour comprendre l’ampleur du phénomène des sans-abris dans leur quartier, les prévisions climatiques pour leur ville ou l’évolution des idéologies politiques dans leur circonscription au fil des ans. Je pense que les cartes donnent aux gens le pouvoir d’agir sur certaines questions et nous aident à nous sentir plus connectés à notre monde.
Q5 : Quelles sont les tendances ou les occasions que vous observez dans le secteur de la santé?
L’adoption de la technologie numérique représente une occasion évidente d’améliorer le secteur de la santé dans son ensemble, tant dans le domaine de la santé publique que dans celui des soins primaires. Et elle peut être mise en œuvre d’une multitude de façons. La pandémie nous a vraiment forcés à numériser davantage nos systèmes, de sorte que l’on puisse plus rapidement partager l’information et prendre des décisions en situation d’urgence. De nombreuses agences gouvernementales s’appuient encore sur des feuilles de calcul Excel et des documents PDF statiques pour informer les planificateurs ou les décideurs, ce qui entraîne des retards dans la production des rapports, des erreurs dans le transfert et la transcription des données, et des indicateurs impossibles à comparer entre territoires. Toute solution de rechange technologique qui simplifie le partage et l’uniformité des données entre régions est incroyablement bénéfique, même si ce système ne vise qu’une maladie ou un résultat particulier.
Et la pandémie a ouvert la voie comme jamais auparavant à l’adoption et à la mise à l’essai de technologies de télémédecine et de télésanté. Les citoyens semblent bien s’adapter au fait de parler à leur médecin à domicile par téléphone ou par vidéobavardage. Les patients se sentent ainsi plus connectés à leur propre réseau de santé. Et je crois que le Canada est en passe de devenir l’un des principaux contributeurs au marché mondial de la télésanté. Du point de vue de la santé publique, nous voudrons donc mettre en œuvre ces mêmes technologies numériques pour lutter contre les inégalités en matière de santé, identifier les lieux où vivent les populations mal servies et vulnérables et connecter celles-ci à des plateformes technologiques conviviales afin qu’elles aient un accès égal aux services de santé spécialisés, surtout ici au Canada. Dans les années à venir, il est possible que les citoyens – en particulier les personnes âgées – bénéficient de diagnostics à domicile grâce aux dispositifs médicaux portables et aux rendez-vous de consultation vidéo. Il existe actuellement des applications LiDAR très intéressantes et innovantes, qui ont du potentiel en ce qui touche l’imagerie médicale à domicile à partir du téléphone intelligent du patient.
Sandy lors d’un de ses voyages. Bord sud du Grand Canyon en Arizona.
Q6 : Quand vous ne réfléchissez pas à des moyens d’utiliser l’intelligence de localisation pour résoudre des problèmes de santé publique, comment occupez-vous votre temps?
La plupart de mon temps passé en dehors du travail est lié à la musique. Je suis un grand fanatique de musique, et j’aime beaucoup la house, la techno et le disco. J’essaie toujours de maintenir mes compétences en piano, aussi. Mais je suis un passionné de géographie et j’adore voyager vers les merveilles naturelles du monde entier. Parmi elles, je mentionnerais Monument Valley et Antelope Canyon en Arizona, les chutes d’Iguazu en Argentine et au Brésil, le loch Ness et les Highlands en Écosse, ainsi que les rochers et mascarets d’Hopewell Rocks au Nouveau-Brunswick. J’aime vraiment Toronto, ma ville natale, et je passe beaucoup de temps sur mon vélo avec mon partenaire pour découvrir de nouveaux endroits bizarres en ville. J’adore l’île de Toronto, même en hiver, et je suis toujours à l’affût d’arbres inhabituels là-bas. Il y a beaucoup d’arbres à forte personnalité dans cette ville.
Merci beaucoup Sandy! Nous avons hâte de voir l’excellent travail de l’équipe de santé publique d’Esri Canada.
Ne manquez pas de voir la présentation de Sandy intitulée « Cartographier l’avenir de la santé publique numérique au Canada » à la HIP Week Live 2021 : À l’épreuve du temps, le lundi 4 octobre à 13 h (HE).
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Ce billet a été écrit en anglais par Vanessa Finnie et peut être consulté ici.