La technologie SIG derrière la vision de ville du quart d’heure de Surrey
Comment passer d’une grande vision urbaine à des résultats concrets? À Surrey, l’équipe d’urbanisme y parvient grâce à la technologie SIG, qui contribue à créer des quartiers plus accueillants et accessibles à pied. Les données spatiales guident intelligemment les décisions municipales quand il s’agit d’aménager les trottoirs, d’évaluer l’accès aux épiceries ou de produire des rapports pour le conseil.
Surrey connaît une croissance rapide. Sa population, qui s’élève maintenant à environ 680 000 habitants, devrait dépasser le million d’ici 20421. En période de pointe, jusqu’à 15 000 personnes s’établissent chaque année dans cette ville pittoresque de la Colombie-Britannique. Cette croissance rapide exerce une pression sur le logement, les transports et les services publics, tout en accentuant le besoin de résilience face aux changements climatiques.
Pour gérer cette croissance de manière stratégique, Surrey adopte le concept de ville du quart d’heure. L’idée est d’offrir à la majorité des résidents des services essentiels situés près de la maison. Autrement dit, il s’agit de leur permettre d’accéder facilement à pied aux épiceries, aux écoles, aux parcs et au transport en commun. « L’idée d’une communauté où l’on peut vivre, travailler et se divertir présente de nombreux avantages, notamment la réduction de l’utilisation de la voiture et la protection des milieux écologiquement vulnérables », explique Don Buchanan, qui travaillait alors comme urbaniste communautaire à la Ville de Surrey
Mais pendant des années, cette vision est demeurée plus ambitieuse que concrète, car les urbanistes ne disposaient pas de repères clairs pour la traduire en résultats mesurables. Les lacunes dans les données disponibles, le vieillissement des infrastructures dans les quartiers plus anciens et les ressources limitées qu’il fallait prioriser avec soin compliquaient le suivi des progrès.
Cadre stratégique
ArcGIS, un catalyseur pour l’urbanisme
En 2023, la Ville a renforcé ses capacités SIG en se dotant d’ArcGIS Business Analyst d’Esri, un outil qui intègre des données démographiques et commerciales détaillées à des analyses spatiales fondées sur des cartes. La technologie SIG jouait déjà un rôle dans les travaux d’urbanisme à Surrey. Mais cette mise à niveau a donné à la Ville un nouvel élan pour concrétiser sa vision de ville du quart d’heure. Elle a permis de passer d’idées générales à un cadre pratique, fondé sur les données, des analyses reproductibles et des résultats mesurables.
« L’acquisition de Business Analyst a vraiment changé la donne », affirme M. Buchanan. « Au départ, nous l’avons acheté ponctuellement pour ce projet, mais nous avons vite réalisé à quel point cet outil est puissant, tant pour l’analyse que pour la visualisation. Les personnes ayant des compétences techniques peuvent explorer les données en profondeur, mais même les utilisateurs moins expérimentés en retirent beaucoup grâce à la clarté de la présentation de l’information. »
Traditionnellement, l’accès aux services essentiels était mesuré à vol d’oiseau, sans tenir compte du tracé réel des rues ou des sentiers. Mais cette méthode ne tenait pas compte des réalités du réseau routier, des trottoirs et des autres obstacles possibles à l’accessibilité. Grâce à ArcGIS, Surrey peut désormais effectuer des analyses de potentiel piétonnier plus précises, fondées sur le réseau. En combinant des données spatiales sur l’utilisation du sol, la population, les infrastructures et les services essentiels, les urbanistes peuvent repérer les lacunes et prévoir la croissance.
« La technologie SIG a permis à la Ville d’adopter une approche plus proactive que réactive », affirme Jack Shi, analyste en urbanisme. « Comme Surrey est une grande ville, on attendait souvent qu’un citoyen signale un problème – par exemple, un trottoir à réparer – avant d’intervenir », explique-t-il. « Maintenant, si nous avons les ressources pour réparer dix kilomètres de trottoirs, nous pouvons utiliser les données pour cibler les secteurs où les travaux seront les plus bénéfiques. »
Accès aux services essentiels, avec et sans prise en compte des trottoirs
Portrait de l’accès piétonnier à l’alimentation
Comme les écoles et le transport en commun, les épiceries représentent des infrastructures essentielles, et leur accessibilité joue un rôle clé dans la création de communautés où il fait bon vivre. Pour mieux comprendre l’accès à l’alimentation à l’échelle de la ville, Surrey a utilisé ArcGIS Business Analyst en combinaison avec sa propre base de données de permis d’exploitation pour établir un inventaire détaillé des épiceries et les classer selon leur type.
Une question en apparence simple – qu’est-ce qu’on considère comme une épicerie? – s’est révélée plus complexe que prévu. Une des avancées majeures du projet a été d’évaluer chaque commerce en fonction des trois groupes alimentaires de base du Guide alimentaire canadien : les grains, les protéines, ainsi que les fruits et légumes. Les commerces recevaient une note de un à trois selon la variété d’aliments qu’ils offraient. La Ville a ensuite réalisé plusieurs analyses de zones de desserte afin de cartographier les ménages ayant un accès piétonnier aux trois groupes alimentaires, même si les produits provenaient de commerces différents.
Trottoirs, équité et accès réel
Ce travail a permis de créer des cartes détaillées montrant non seulement à quelle distance se trouvent les services essentiels, mais aussi si les gens peuvent vraiment s’y rendre à pied. Une série de cartes montrait l’accès aux trois groupes alimentaires; une autre tenait compte de l’accès par les trottoirs.
Cartographier les trottoirs n’était pas chose simple. De nombreux vieux quartiers manquaient de données à jour, surtout ceux construits avant que la construction de trottoirs ne devienne obligatoire. L’équipe a comblé ces lacunes en combinant des images aériennes à des vérifications manuelles, tout en tenant compte des politiques d’aménagement en évolution, comme la règle voulant que les rues locales puissent n’avoir un trottoir que d’un côté, tandis que les artères devraient en avoir des deux côtés.
Pour intégrer une perspective d’équité, les urbanistes ont aussi ajouté des couches de données démographiques, incluant des renseignements sur les locataires, les nouveaux arrivants et les populations autochtones. Le résultat : un portrait beaucoup plus clair et concret du potentiel piétonnier, qui reflète réellement la façon dont les gens se déplacent dans leur quartier et y accèdent aux services. Ces données SIG soutiennent désormais directement les objectifs de rendement internes liés à la création de communautés accueillantes, équitables et bien connectées.
Mobilisation du public à l’aide d’outils visuels
À Surrey, le concept de ville du quart d’heure a reçu un accueil très favorable de la part du public. « Les gens aiment l’idée d’avoir des services à proximité », affirme M. Buchanan. « Leurs yeux s’illuminent quand on en parle lors d’événements. Le but, ce n’est pas de forcer les gens. C’est de leur faciliter la vie au quotidien. »
Lors de portes ouvertes, la Ville a présenté de grandes cartes imprimées, créées avec les puissants outils de visualisation d’ArcGIS, pour montrer les écarts de potentiel piétonnier et la proximité des services. Les résidents comprenaient mieux la logique d’aménagement et voyaient que les décisions reposaient sur des données concrètes.
Par exemple, la division des parcs de Surrey utilise ces outils pour atteindre ses objectifs de service liés aux parcs et repérer les zones mal desservies, ce qui s’est révélé très utile pour mobiliser le public dans l’élaboration de nouveaux plans communautaires. L’objectif actuel est d’avoir un parc accessible à moins de 500 mètres de marche pour tous les résidents. ArcGIS permet de visualiser avec précision où cet objectif est atteint… et où il ne l’est pas. Les aménagistes analysent les zones non desservies et suggèrent la création de nouveaux parcs pour combler les lacunes. ArcGIS a joué un rôle clé pour simplifier ce processus et le visualiser de manière à faciliter l’analyse et la communication avec le public.
Tableau de bord d’accès aux services de garde
Un langage commun pour l’aménagement
À l’interne, le projet a favorisé la collaboration entre les services municipaux. Le partage des ensembles de données et des outils de cartographie a permis aux équipes d’urbanisme, de transport, de parcs et autres services municipaux de mieux s’entendre sur les priorités et de parler le même langage.
« Du côté de l’aménagement du territoire, les SIG nous aident à comprendre ce qui fait fonctionner une ville du quart d’heure, et ils nous permettent d’élaborer des politiques fondées sur des données mesurables », ajoute M. Shi. En résumé : moins d’intuition, plus de données. C’est aussi un outil précieux pour la planification des investissements en transport.
Les équipes de transport repèrent les lacunes en trottoirs et en transport en commun près des écoles, des épiceries et des arrêts d’autobus, et les relient aux données démographiques pour estimer le nombre de personnes qui profiteraient des améliorations.
Ces données SIG alimentent maintenant le tableau de bord de performance de la Ville, appuyant trois des six indicateurs de rendement clés prioritaires de Surrey. En mesurant l’accès à pied aux parcs, au transport en commun, aux épiceries et aux écoles, la Ville fournit des indicateurs clairs pour orienter les décisions du conseil et les investissements stratégiques.
Amélioration des outils et élargissement de l’accès
L’équipe d’urbanisme de Surrey continue d’affiner son approche SIG, non seulement en améliorant les outils, mais aussi grâce à des discussions stratégiques continues et à la collaboration entre services. Pour améliorer la coordination interne, la Ville souhaite créer une carte web centralisée qui permettrait au personnel des différents services d’explorer de façon autonome les données sur le potentiel piétonnier et les zones moins bien desservies.
« En ce moment, les services viennent nous voir avec leurs idées de projet, et c’est nous qui effectuons l’analyse », commente M. Shi. « Mais l’idéal serait qu’ils puissent consulter et analyser les données de façon autonome. »
Pour la suite, l’équipe prévoit de partager ses analyses avec un plus grand nombre de services municipaux et d’améliorer ses modèles afin d’inclure des espaces piétonniers souvent oubliés, comme certaines routes patrimoniales accessibles à pied.
En combinant des données fiables à des politiques réfléchies, la Ville de Surrey transforme des objectifs de longue date en progrès mesurables, tout en façonnant des quartiers plus connectés, équitables et réellement adaptés aux besoins des communautés.
[1] https://www.surrey.ca/news-events/news/surrey-launches-2024-economic-strategy
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Ce billet a été écrit en anglais par Assel Zhengisbayeva et peut être consulté ici.