Les systèmes de référencement des emplacements : selon vos préférences
Dans l’industrie des transports, des débats animés ont cours afin de déterminer quel système de référencement, linéaire ou spatial, est le mieux adapté pour gérer les infrastructures routières. Arif Rafiq, responsable du secteur des transports à Esri Canada, explique qu’il n’est pas obligatoire de faire ce choix. Il s’agit plutôt de créer des systèmes qui reposent sur des méthodes permettant à différents utilisateurs d’interpréter ou de voir l’information comme ils le souhaitent.
Ma fille de cinq ans aime que son papa lui raconte une histoire avant de s’endormir. Ce moment d’intimité fut pour moi l’occasion de lire un livre de six pages dans lequel deux enfants portent des lunettes aux verres colorés pour ne voir que certaines parties du monde qui les entoure. En changeant de couleur de verre, ils découvrent de nouvelles choses attrayantes à regarder, sans jamais quitter leur environnement.
Un système de référencement linéaire bien conçu fonctionne de la même manière. Il permet aux utilisateurs de « changer de lunettes » pour ne travailler qu’avec les composants de leur choix dans leur réseau de transport, tout en disposant par la même occasion d’une méthode vraiment simple de localiser des entités.
Trois « méthodes » pour afficher différents jeux de données sur un même tronçon routier.
Prenons l’exemple d’un employé du service de la sécurité de votre ministère des transports qui indique un accident sur la route 12B est, au kilomètre 45,3. N’importe qui est en mesure de localiser cet emplacement avec une relative certitude. Il s’agit bien sûr de la manière standard de référencer des emplacements au sein des ministères des transports provinciaux. Celle-ci constitue d’ailleurs une spectaculaire avancée comparativement aux méthodes d’autres organismes qui utilisent encore des identifiants de tronçons difficiles à interpréter (où peut bien se trouver le tronçon 456B-54ER-01?)
Il est cependant intéressant de noter que certains organismes cherchent à abandonner le concept de référencement linéaire au profit du seul référencement spatial. Creusons la question : en utilisant un système de référencement spatial, nous pourrions repérer l’emplacement de l’accident comme étant le point de latitude 52,465010 et de longitude -114,293923, mais ces valeurs sont-elles vraiment plus claires que l’indéchiffrable identifiant de tronçon mentionné plus haut? Selon moi, le référencement du système linéaire est tout simplement plus naturel. Je n’ai pas besoin d’un appareil GPS pour trouver le kilomètre 45,3 de la route 12B est.
L’emplacement de l’accident est facile à repérer uniquement parce qu’il y a une carte en arrière-plan. Sans cette dernière, les valeurs de latitude et de longitude ne sont pas immédiatement claires.
Les adeptes du référencement spatial soutiennent que, contrairement au référencement linéaire, cette méthode permet d’utiliser une vaste gamme d’outils d’analyse, comme les rapports d’entretien appliqués à un polygone tracé n’importe où sur une carte. C’est vrai, mais l’inverse l’est également. Il est impossible, par exemple, de générer un registre kilométrique dans un système de référencement spatial.
Il est évident que les deux systèmes présentent des avantages. Plutôt que de choisir entre l’un et l’autre, il serait intéressant de recourir à un système capable d’utiliser les deux méthodes de référencement, linéaire ou spatial, pour repérer une même entité. Autrement dit, un système qui nous permettrait d’examiner des entités dans un même réseau de transport à l’aide de différentes méthodes de localisation, selon la manière dont nous voulons (ou devons) référencer ce réseau. Les responsables des projets de gestion de la chaussée peuvent référencer les tronçons à l’aide d’une méthode linéaire par stations, alors que le groupe de géomatique référence les mêmes entités à l’aide d’une méthode reposant sur des coordonnées 3D projetées.
Les technologies de gestion des actifs des infrastructures de transport actuelles nous permettent de créer des systèmes de référencement des emplacements reposant sur un vaste éventail de « méthodes ». Les utilisateurs des données peuvent ainsi travailler sur des entités sans égard à la manière dont celles-ci doivent être référencées (distance en kilomètres, coordonnées XY, stations, distance en mètres de la pile d’un pont... les possibilités sont infinies). Nous sommes en mesure de créer des environnements dans lesquels un grand nombre de personnes peuvent utiliser les mêmes données de la manière qui leur convient (et porter les lunettes de la couleur qui leur plaît).