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La prospérité durable pour une entreprise canadienne de produits de la mer grâce aux cartes marines

Clearwater Seafoods recueille des données sur le fond océanique, les espèces qu’elle pêche, ses flux de travaux et ses pratiques antérieures afin d’améliorer la durabilité et l’efficacité de ses activités.

Après leur rencontre avec un expert en cartographie des océans, les cadres de Clearwater Seafoods jettent un regard neuf sur le monde sous-marin. « Nous avons été époustouflés, car nous disposions uniquement de cartes de surface des océans », explique Jim Mosher, directeur des sciences de la pêche de Clearwater. « Et là, tout d’un coup, nous pouvions voir le contour et la forme du fond océanique. C’était incroyable. »

Basée en Nouvelle-Écosse, l’entreprise se spécialise dans les fruits de mer de luxe, comme les pétoncles, les palourdes, le crabe, les crevettes et le homard, qu’elle pêche principalement dans les fonds marins des régions côtières du Canada. L’imagerie par sonar et les modèles de fond océanique en 3D ont transformé le point de vue de l’entreprise.

Certaines espèces pêchées par Clearwater (telles que les palourdes) vivent en fait dans le fond océanique : elles s’enlisent dans la vase et la boue, ce qu’on appelle le « substrat ». La récolte de ces habitants du fond marin demande beaucoup de travail et coûte cher. En plus de savoir quand et où pêcher, une entreprise comme Clearwater doit déterminer les lieux et les périodes à éviter afin de protéger les ressources et l’environnement. Les modèles de fond océanique créés avec les SIG constituent un outil supplémentaire pour améliorer la pêche et assurer la durabilité.

« Plutôt que d’appliquer la méthode traditionnelle qui consiste à partir en mer sans préparation, nous planifions soigneusement nos expéditions », affirme Jim Mosher. « Nous sommes passés d’un fonctionnement réactif à une façon de faire prédictive. Nous ciblons désormais les sites de pêche avec une grande précision. L’accès élargi à des données et des cartes fiables a transformé notre mentalité. »

Les océans et les données topographiques

Après sa rencontre avec l’expert en cartographie, l’équipe de Mosher a commencé à investir massivement dans la technologie de création de cartes bathymétriques, c’est-à-dire des cartes topographiques du fond océanique avec des courbes détaillées de niveau bathymétrique qui montrent la taille, la forme et la répartition des entités sous-marines. Elle s’est ensuite concentrée sur la cartographie des types de sédiments.

« Nous savions que certaines espèces qui se nourrissent par filtration, comme les pétoncles, n’aiment pas vivre sur le sable parce qu’elles s’y étouffent. Elles se regroupent alors sur le gravier », explique Jim Mosher. « Nous nous sommes donc mis à cibler les zones avec du gravier. Mais notre façon de faire était encore très rudimentaire comparativement à notre méthode actuelle. »

Photo de quatre rangées de fruits de mer en vente dans un marché

L’équipe de Mosher a continué à recueillir des données sur les types de lits marins, les structures rocheuses et d’autres éléments de l’écosystème océanographique. Ces données ont ensuite été converties en couches, puis disposées sur un fond de carte. Il est également possible de combiner les couches pour obtenir une veille géographique de plus en plus complète. Les données bathymétriques peuvent être intégrées aux procédures de pêche actuelles et passées afin de déterminer les meilleures pratiques.

Avant de prendre la mer

Pour Clearwater, son approche axée sur la précision lui permet d’assumer sa responsabilité sociale. Au Canada, les entreprises se voient accorder des droits de pêche pour des espèces et des lieux précis. Clearwater considère qu’il est de sa mission de protéger l’océan et ses ressources en mettant en œuvre des pratiques de pêche responsables.

Lorsqu’un navire de Clearwater prend la mer, la procédure à suivre varie selon l’espèce à pêcher. Si elle souhaite récolter des pétoncles, l’entreprise enverra un navire mesurant entre 43 et 46 m (140 et 150 pi) avec un équipage de 16 personnes.

La pêche aux pétoncles nécessite souvent des expéditions préparatoires avec un navire hydrographique ainsi que la collaboration d’autres intervenants du secteur. L’équipe de Clearwater peut marquer une zone de pêche potentielle et la diviser en cellules de quadrillage sur une carte intelligente à l’aide d’ArcGIS Pro. Elle utilise également une caméra sous-marine qui prend des photos du fond océanique afin de mieux comprendre la composition des espèces.

« Nous numérisons les images, comptons les pétoncles dans chaque cellule et effectuons des analyses pour générer des modèles de densité. Nous cartographions ensuite toutes ces données », explique Jim Mosher. Pour la pêche aux palourdes, les capitaines se fient à des cartes de rétrodiffusion qui emploient la technologie multifaisceaux pour déterminer la dureté du substrat. Ces cartes ont de multiples usages. Grâce à tous ses efforts, Clearwater comprend mieux la biomasse de chaque zone, ce qui lui permet de calculer la vitesse de repeuplement.

Photo du Fundy Leader, un bateau bleu et blanc conçu pour la pêche aux pétoncles, amarré dans un port

Le Fundy Leader de Clearwater sert à la fois de navire de pêche pour le pétoncle et de navire de recherche. Il effectue des relevés vidéo et au râteau afin d’évaluer l’état des bancs de pétoncles.

En outre, Clearwater s’associe à des établissements d’enseignement en Nouvelle-Écosse pour créer des cartes thématiques. « Nous ajoutons à nos cartes créées à partir de nos relevés les données sur la géologie, les sédiments et la rétrodiffusion », affirme Jim Mosher. « De plus, nous générons avec les données sur les prises des cartes qui indiquent les emplacements explorés par le passé. Nous évitons ainsi de retourner au dernier lieu de pêche visité. »

Avant une expédition de pêche, le capitaine d’un navire étudie ces couches cartographiques afin d’établir son plan. Comme chaque navire est équipé d’ArcGIS Pro, les données sont du voyage également. « C’est devenu un outil tellement important pour mes équipes que beaucoup ne prendront pas la mer sans lui », explique Jim Mosher.

Entreprise verticalement intégrée qui traite et distribue ses prises, Clearwater équipe ses navires pour en faire des usines flottantes. La technologie SIG permet aux membres de son personnel d’organiser et de visualiser toutes les informations relatives à chaque aspect des populations de mollusques qu’ils pêchent, ce qui les fait réaliser de précieux gains d’efficacité. Clearwater est donc en mesure de poursuivre ses objectifs de durabilité et de traçabilité aux fins de salubrité alimentaire, en plus de communiquer la provenance de chaque prise. Ainsi, les SIG deviennent un outil quadridimensionnel, cataloguant les prises actuelles et antérieures en fonction du temps et de l’espace.

Une éthique en mutation

L’utilisation extensive de la cartographie peut générer des gains immédiats, dans une vision à court terme. Les dirigeants de Clearwater ont plutôt choisi de considérer le temps et l’argent que leurs équipes consacrent à la cartographie comme un investissement à long terme, qui lui permet d’adopter un modèle commercial durable – ce que les experts en développement maritime appellent la croissance bleue. 

S’appuyant sur un volume croissant de données de haute qualité, les équipes de Clearwater utilisent leurs connaissances pour prévoir et prédire les résultats de la pêche. Elles utilisent des modèles d’évaluation sophistiqués pour déterminer les stades de croissance des espèces et enregistrer leurs activités afin d’éviter de retourner pêcher aux mêmes endroits à des intervalles trop rapprochés. Clearwater tient également compte des facteurs météorologiques, de la biologie des espèces et d’autres données pertinentes pour déterminer la méthode de pêche la plus efficace.

Cette approche améliore les taux de réussite et l’efficacité. Clearwater passe moins de temps à trouver des prises, ce qui réduit son empreinte de carbone et ses dépenses d’exploitation. Les efforts déployés par l’entreprise en matière de durabilité ont contribué au maintien de sa certification Marine Stewardship Council – un label de durabilité très convoité – pour avoir respecté des normes environnementales et de production strictes.

« Nous sommes en train de passer d’un simple statut de chasseur à celui de cultivateur et de nourricier », précise Jim Mosher. « Pouvoir observer les fonds marins et comprendre les caractéristiques des populations qui y vivent, ce sont là les outils dont nous avons besoin pour y parvenir. Cette démarche est alignée sur les objectifs de durabilité de notre entreprise. »

Apprenez-en davantage sur la façon dont les organisations tirent parti de la conscience géospatiale pour favoriser une prospérité durable.

L’urgence croissante de cartographier et de préserver l’océan

Bien que l’homme ait passé des siècles à concevoir des cartes océaniques de plus en plus sophistiquées, la plupart sont des documents illustrant la surface de l’océan. En 2017 encore, seuls six pour cent du fond océanique avaient été cartographiés. De nombreux outils de cartographie modernes, tels que la technologie LiDAR, ne s’exploitent pas bien sous l’eau. Les progrès réalisés dans le domaine des sonars multifaisceaux, qui emploient des ondes acoustiques pour recueillir des renseignements, ont conduit à une explosion des connaissances dans le domaine de la bathymétrie, soit l’étude de la topographie sous-marine.

Larry Mayer, le scientifique qui a fait découvrir le sonar multifaisceaux à Clearwater, dirige aujourd’hui le centre de cartographie côtière et océanique de l’Université du New Hampshire. Lors d’une entrevue télévisée en 2015, il a fait état d’un objectif visant à « cartographier l’ensemble de l’océan à ce niveau de détail. » Six ans plus tard, le travail est achevé à environ 20 %.

Le projet d’envergure mondiale Seabed 2030, qui vise à cartographier l’ensemble du fond océanique, y compris les canyons les plus profonds et les montagnes les plus grandes de la planète, devrait être achevé d’ici la fin de la décennie.

La cartographie du fond océanique s’inscrit dans le cadre d’un effort continu plus vaste visant à mieux comprendre l’océan et à le préserver. Plus de 50 pays ont souscrit à l’objectif ambitieux de sauvegarder au moins 30 % des terres et des océans de la planète d’ici à 2030. Rien qu’en 2018, les scientifiques ont recueilli plus de données sur les océans que pendant tout le 20e siècle. Les chercheurs utilisent ces données pour comprendre des phénomènes tels que la circulation océanique, l’élévation du niveau de la mer, les systèmes météorologiques, la propagation des vagues de tsunami, les marées et le transport des sédiments.

La course à la compréhension et à l’atténuation des dommages que le changement climatique inflige aux océans est à la base de la plupart de ces efforts. L’océan absorbe des niveaux élevés de dioxyde de carbone, ce qui accroît son acidification, laquelle entraîne à son tour des modifications comportementales et physiologiques de la vie marine.

Chez Clearwater Seafoods, on surveille les effets du changement climatique. « Les mollusques dont la coquille est constituée de carbonate n’aiment pas les changements de pH », souligne Jim Mosher, directeur des sciences de la pêche de Clearwater. « Grâce aux précieuses données que nous recueillons, nous profitons d’une meilleure visibilité sur la façon dont le changement climatique peut affecter les espèces que nous pêchons. »

L’économie bleue – qui comprend des entreprises comme Clearwater – est la septième économie mondiale, générant 2,5 trillions de dollars d’activité chaque année. Il ne s’agit pas seulement de protéger l’océan des humains, mais aussi de le protéger pour les humains.

Billet publié à l’origine sur le blogue d’Esri

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Si vous souhaitez en savoir plus sur les avancées en matière de collecte et d’analyse de données qui ont été réalisées afin de favoriser la compréhension de nos océans, inscrivez-vous au Forum sur les SIG appliqués aux océans d’Esri Canada le mercredi 9 juin.

Carte numérique de l’océan utilisée à titre de publicité pour le Forum sur les SIG appliqués aux océans d’Esri Canada, qui se déroulera virtuellement le 9 juin.