L’été en ville : un nouveau défi de santé publique
L’urbanisation est en hausse au Canada. Selon Statistique Canada, près de trois Canadiens sur quatre (73,7 %) vivent dans l’un des grands centres urbains du Canada en 2021, contre 73,2 % cinq ans plus tôt. Les grands centres urbains offrent de nombreux avantages. Par exemple, l’on y passe moins de temps à se déplacer du domicile au travail, et le cadre de vie dynamique regorge de services et de divertissements à proximité. Mais nos environnements urbains peuvent également être à l’origine d’effets néfastes sur la santé de nombreuses personnes, et l’endroit où vous vivez dans une ville peut déterminer votre exposition aux dangers, votre accès à une alimentation saine et vos possibilités d’exercice physique.
Avec le changement climatique, les étés deviennent particulièrement difficiles pour certaines personnes en raison de la fréquence accrue des vagues de chaleur. La croissance de nos villes entraîne le remplacement de la couverture terrestre naturelle par des concentrations denses d’asphalte, de bâtiments et d’autres surfaces qui absorbent et retiennent la chaleur. Ces « îlots de chaleur urbains » (également appelés « dômes de chaleur ») augmentent les coûts énergétiques (par exemple, pour la climatisation), les niveaux de pollution atmosphérique, ainsi que les maladies et la mortalité liées à la chaleur.
Au cours de l’été 2021, la Colombie-Britannique a connu l’une des vagues de chaleur les plus intenses de l’histoire. Dans le Grand Vancouver, le dôme de chaleur a commencé à se former le 24 juin, et des températures plus élevées ont été observées entre le 24 et le 28 juin. Au cours de cette période, des températures extrêmes ont également été notées pendant la nuit. Le Service des coroners de la Colombie-Britannique (BCCS) a enquêté sur plus de 800 décès au cours de cette semaine. Parmi ces décès, 619 ont ensuite été consignés comme liés à la chaleur. La plupart des personnes décédées se trouvaient à l’intérieur, avaient plus de 70 ans et vivaient dans des maisons dépourvues de systèmes de refroidissement adéquats, qu’il s’agisse de climatiseurs ou de ventilateurs. En général, les victimes étaient le plus souvent résidentes de quartiers socialement ou matériellement défavorisés par rapport à la population générale.
Des rapports examinant les conséquences de ces vagues de chaleur ont révélé des lacunes dans notre santé publique et nos interventions d’urgence et ont mis en évidence l’enjeu constant que représentent les inégalités en ce qui concerne la santé. Les principales recommandations portent sur la mise en place d’un système provincial d’intervention plus coordonné en cas d’alerte à la chaleur qui permet de localiser, de prioriser et de soutenir les populations vulnérables pendant les épisodes de chaleur extrême, et sur la mise en œuvre de stratégies de prévention et d’atténuation des risques à plus long terme. À l’avenir, les analystes de la santé publique et les équipes d’intervention d’urgence profiteraient de l’emploi d’outils géographiques qui donneraient suite aux recommandations de planification et d’intervention coordonnées en fonction de l’emplacement.
Lorsqu’il s’agit de répondre à une urgence de santé publique, l’emplacement est important. Il est essentiel de comprendre où vivent les populations vulnérables et les risques qu’elles courent face aux dangers environnementaux pour pouvoir réagir rapidement et efficacement.
Les SIG constituent une solution numérique intuitive et moderne pour élaborer des stratégies de réponse aux vagues de chaleur, car les analystes peuvent facilement accéder à des données officielles et les intégrer. Par exemple, les analystes peuvent superposer les données environnementales (par exemple, les prévisions de température, l’utilisation du sol urbain, la couverture arborée, les renseignements sur les habitations) avec les données socio-économiques et démographiques (par exemple, la structure par âge, les taux de revenu, le logement) pour repérer les quartiers les plus vulnérables à la mortalité potentielle causée par les vagues de chaleur. En effet, cette plateforme intégrée permet aux utilisateurs non-spécialistes de suivre de près les événements et de planifier des réponses qui se fondent sur des données probantes, pour en arriver à accélérer et à rentabiliser les interventions d’urgence.
Il n’y a pas longtemps, ArcGIS a servi à mettre en place une gestion adaptative des opérations d’urgence et des stratégies d’intervention rentables. Et compte tenu de la fréquence accrue des épidémies de maladies infectieuses et des urgences en matière de santé environnementale au Canada, les analystes et les intervenants en matière d’urgences de santé publique partagent désormais ces flux de travaux. Un SIG peut agir comme source de données unique, de sorte que diverses équipes d’intervenants en santé publique puissent prendre des décisions cohérentes et coordonnées sur la base des schémas de risque indiqués sur les cartes, même si elles travaillent dans des environnements traditionnellement déconnectés. Les analystes de la santé publique doivent se pencher sur la nature des urgences et se renseigner sur les obstacles et les goulots d’étranglement qui entrent en compte dans le feu de l’action. C’est pourquoi il est important de savoir que les SIG représentent un outil de planification à plus long terme qui amène à délimiter les zones urbaines les plus problématiques en termes de résilience.
Voici un exemple de tableau de bord de connaissance de la situation créé avec ArcGIS, qui sert à la gestion des interventions d’urgence liées aux incendies de forêt.
Dans l’exemple ci-dessus, la plateforme SIG a été modelée sur mesure en vue de tenir compte de nombreux événements, comme les feux de forêt, les alertes aux inondations et les notifications de tremblement de terre et de tsunami. La plateforme intègre facilement des données préchargées et rassemble les alertes d’événements en temps réel en une visualisation cartographique permettant de prendre en compte l’emplacement. Spécialistes et non-spécialistes en SIG ont utilisé cette plateforme pour collaborer dans le cadre d’interventions, pour définir des stratégies de déploiement des équipes d’intervention d’urgence et pour localiser les populations les plus vulnérables qui ont le plus besoin d’une aide rapide et prioritaire.
Dans l’exemple suivant, les données d’Esri Canada ont été précompilées dans une démo de la visionneuse Situational Awareness Viewer, comprenant des ensembles de données personnalisés sur les urgences liées aux vagues de chaleur. En prenant l’exemple de Toronto, nous avons intégré des données sur les hôpitaux, les centres d’hébergement et de soins de longue durée et les quartiers à population âgée de plus de 65 ans. Nous avons également inclus les superficies d’espaces verts et de parcs accessibles, mesures depuis longtemps reconnues comme un indice révélateur de l’état de santé des quartiers. Cette démo illustre les vues personnalisées qui peuvent être créées à l’aide d’ArcGIS pour une multitude de programmes et de flux de travaux d’intervention d’urgence.
Avec les vagues de chaleur intenses, les autres événements environnementaux et la constante progression des épidémies de maladies infectieuses, nous devons anticiper des risques sanitaires plus fréquents, voire simultanés, et nous y préparer. Les équipes provinciales de santé publique pourraient considérablement bénéficier d’outils SIG modernes pour collaborer sur les événements à haut risque, localiser les populations vulnérables, élaborer des stratégies d’intervention en fonction de l’emplacement et planifier les événements futurs.
Pour plus d’information sur la façon dont ArcGIS peut aider votre équipe à planifier les vagues de chaleur urbaines ou d’autres programmes de santé environnementale, consultez notre page web ou contactez-nous à publichealth@esri.ca.
Ce billet a été écrit en anglais par Sandy Watts et peut être consulté ici.