Gestion des espèces envahissantes en agriculture
Lorsqu’un phytoravageur destructeur a été découvert au Canada en 2017, plusieurs organismes gouvernementaux ont lancé un programme de surveillance pour en déterminer la présence et la répartition. À l’époque, la collecte et l’analyse des données nécessitaient un travail manuel important. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a mené un projet pilote au cours de la saison suivante en utilisant ArcGIS, ce qui a permis de réduire de moitié le temps de préparation du travail!
Détection et éradication des scarabées japonais pour protéger le commerce, les cultures et les espaces verts
Le scarabée japonais (Popillia japonica) est reconnu par le gouvernement du Canada comme un phytoravageur destructeur réglementé. Il peut causer des dommages importants aux jardins, aux fermes, aux pépinières et aux cultures agricoles. Ses larves se nourrissent des racines des herbes et des plantes, tandis que les individus adultes attaquent les fleurs, le feuillage et les fruits de plus de 300 espèces végétales.
Le scarabée japonais a été introduit pour la première fois dans l’est de l’Amérique du Nord en provenance du Japon en 1916. En 2017, le scarabée japonais a été détecté à Vancouver, en Colombie-Britannique (C.-B.), une province jusque là reconnue comme non infestée. L’établissement de ce ravageur causerait des dommages importants à l’écosystème de la Colombie-Britannique et à ses secteurs horticole et agricole.
Par conséquent, une intervention coordonnée a été organisée en 2018 entre l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêches de la Colombie-Britannique, la Ville de Vancouver et d’autres parties prenantes du secteur privé et non gouvernemental. Des municipalités et organisations continuent de se joindre à l’intervention dans le but d’éliminer ce ravageur de la Colombie-Britannique.
L’ACIA est chargée de protéger les ressources végétales du Canada et d’atténuer les risques liés aux ravageurs, aux maladies et aux espèces envahissantes. Une partie de ce rôle consiste à collecter des données de surveillance précieuses qui donnent aux intervenants associés à la lutte contre le scarabée japonais une idée de l’endroit où se trouve ce ravageur et les aident à prendre des décisions en matière de traitement et de sensibilisation. L’ACIA réglemente également le transport des produits, comme les parties de plantes et la terre, susceptibles de déplacer le scarabée japonais vers des zones où il n’est pas présent au Canada.
Melissa Cook, inspectrice spécialiste des programmes végétaux à l’ACIA, nous en dit plus :
« Il est essentiel de savoir où se trouve le scarabée japonais et comment il est réparti pour soutenir nos efforts continus en vue de l’éradiquer de la Colombie-Britannique. Les données de surveillance du scarabée japonais ont guidé l’établissement de la zone réglementée à Vancouver et les restrictions sur le transport des plantes et du sol hors de cette zone. Elles sont également utilisées par la Colombie-Britannique et les municipalités touchées pour décider où effectuer des traitements contre ce ravageur. »
Pour en apprendre davantage sur les activités de l’ACIA concernant le scarabée japonais en Colombie-Britannique, veuillez consulter la page :
[Anglais] inspection.canada.ca/JB
[Français] inspection.canada.ca/SJ
Contrôle du transport
En 2018, une zone réglementée à l’égard du scarabée japonais a été établie à Vancouver. L’ACIA a restreint le transport du sol et des matières végétales infestés ou susceptibles d’être infestés par le scarabée japonais hors de cette zone afin de réduire le risque de propagation anthropique de ce dernier. En fonction des relevés de l’ACIA révélant la présence du scarabée, la zone réglementée à Vancouver a été élargie en 2019, puis en 2022. Une nouvelle zone réglementée a également été créée à Burnaby en 2022, car une petite population de scarabées japonais a été détectée dans cette ville.
Un certificat de circulation est nécessaire pour sortir de la terre et du matériel végétal d’une zone réglementée. Toute personne qui enfreint ces interdictions ou restrictions de circulation est passible d’une amende ou de poursuites judiciaires.
Carte des zones réglementées en C.-B. dans les villes de Burnaby et Vancouver; à jour en octobre 2022
Surveillance élargie
À la suite de la découverte de scarabées japonais à False Creek en 2017, l’ACIA devait renforcer la surveillance de ce ravageur dans les basses-terres continentales de la Colombie-Britannique, une zone centrale de 5 000 kilomètres carrés où vivent environ 2,8 millions de personnes.
Le programme de surveillance continue de se développer afin de fournir à l’ACIA et aux autres intervenants concernés davantage de renseignements sur la présence et la répartition du scarabée japonais dans la région, et de permettre de définir les zones de traitement dans la province de la Colombie-Britannique et les municipalités touchées.
Opérations initiales
Lorsque le scarabée japonais a été détecté pour la première fois en 2017, la surveillance de ce ravageur s’est concentrée sur l’inspection des pièges à scarabées qui ont été installés à Vancouver et dans les environs. Les inspecteurs utilisaient un système de collecte qui nécessitait un travail de saisie important dans la base de données du système d’information géographique (SIG) de l’ACIA afin de générer des cartes appropriées. L’ACIA était à la recherche d’un moyen plus rapide et plus efficace de saisir et d’analyser ses données de surveillance.
Collecte de données numériques
À la suite d’un examen de la saison de surveillance du scarabée japonais de 2017, l’ACIA a produit une liste d’exigences pour faire évoluer son processus au cours des saisons suivantes :
- Passer du papier à des formulaires numériques sur des appareils mobiles;
- Utiliser des formulaires intelligents pour normaliser la saisie des données;
- Numériser les affectations de travail du personnel de terrain;
- Créer une base de données géoréférencée pour le suivi des projets, la localisation et l’analyse des données, et pour permettre une prise de décision plus agile.
Les membres de la direction générale des Opérations de l’ACIA en Colombie-Britannique ont travaillé avec le spécialiste des SIG à l’échelle nationale, Bruce Craig, qui se trouve dans la région de la capitale nationale, en Ontario, pour exploiter la technologie des systèmes d’information géographique (SIG) du Ministère afin de transformer son programme de surveillance.
Projet exploratoire de 2018 sur le scarabée japonais
M. Craig a utilisé les logiciels du système ArcGIS pour développer et essayer des applications web afin d’aider l’équipe responsable de la surveillance du scarabée japonais pendant la saison 2018. Ces applications ont permis à l’ACIA de superviser à distance l’avancement et l’état des projets, et de répartir le travail plus efficacement.
Baptisé « Le projet exploratoire », le projet pilote reposant sur ArcGIS a été lancé en mai 2018.
- Il a fourni une efficace application de sondage sur des appareils mobiles pour recueillir des données normalisées et précises sur le terrain.
- Il a créé un flux de travaux fonctionnel à l’aide d’une application d’attribution des tâches afin de rationaliser la collecte de données.
- Il a permis d’obtenir des données de terrain en temps réel pour appuyer la prise de décision.
Après le succès du projet pilote de 2018, le projet exploratoire sur le scarabée japonais a pris de l’ampleur au cours de la saison 2019, avec une augmentation du nombre de pièges de surveillance placés dans les basses-terres continentales et l’ajout d’une enquête de l’ACIA sur la santé des plantes parmi les applications. Là encore, comme l’année précédente, ArcGIS a été utilisé pour coordonner le service de répartition et d’acheminement des inspecteurs afin qu’ils soient affectés aux bonnes tâches en fonction du type d’enquête et de l’emplacement des pièges, ainsi qu’en fonction des besoins des biologistes préposés aux enquêtes et des experts de l’ACIA. Le projet a pris de l’ampleur et a été utilisé de façon constante pour surveiller tous les pièges à scarabées japonais en Colombie-Britannique jusqu’à aujourd’hui. En outre, il s’est étendu pour inclure la surveillance d’autres organismes nuisibles partout au Canada.
« Compte tenu de la puissance des SIG et de leur utilisation dans l’analyse des données de surveillance des ravageurs, il était logique de tirer parti d’outils basés sur ArcGIS, comme Survey123, Workforce et Navigator, pour mieux soutenir le travail des inspecteurs », explique Bruce Craig, spécialiste des SIG à l’échelle nationale à l’ACIA.
Collaboration et analyse améliorées
La mise en œuvre d’ArcGIS permet de faire circuler facilement les données collectées sur le terrain entre les inspecteurs de l’ACIA, les biologistes, les spécialistes des projets et la direction. Ainsi une analyse et un examen rapides et précis sont possibles. Les gestionnaires d’enquêtes sont à même de travailler plus efficacement avec les analystes SIG pour produire des cartes et des analyses plus détaillées en ayant recours à l’intelligence de localisation et prendre des mesures rapides pour moduler les tâches en fonction des besoins quotidiens.
Cela permet notamment à l’ACIA de disposer d’une image commune et à jour des opérations fondée sur les données d’enquête recueillies et les lieux parcourus par les inspecteurs. Les données d’enquête sont placées dans un système d’entreprise. Elles résident dans un serveur SIG sécurisé de l’ACIA pour être utilisées conjointement avec les parties prenantes externes aux fins d’analyse et de prise de décision. Aujourd’hui, les données de l’enquête du projet exploratoire ont été intégrées au Système informatisé pour l’enregistrement et le suivi des analyses de laboratoire de l’ACIA, ainsi qu’à d’autres ensembles de données, alors qu’auparavant le processus manuel d’entrée des données en vrac pouvait prendre des mois.
Réduction importante de la préparation du travail
L’application a réduit considérablement le travail d’organisation quotidien des gestionnaires d’enquête, souvent de plus de 50 %.
L’application de sondage mobile envoie les données en temps réel des inspecteurs sur le terrain directement dans une géodatabase qui est synchronisée avec les serveurs d’entreprise de l’ACIA. Le nombre de pièges visités par les inspecteurs a augmenté de 30 % grâce aux gains d’efficacité associés à la mobilité numérique et au recours à l’analyse de localisation, tandis que la qualité des données s’est considérablement améliorée grâce à l’utilisation de formulaires normalisés en ligne prêts à l’emploi.
Autres avantages notables :
- les définitions des champs du formulaire ont été normalisées;
- la vue d’édition permet d’effectuer facilement des modifications et des notations;
- l’évaluation et la visualisation des pièges positifs sont immédiates;
- l’accessibilité des données offre des possibilités de formation dès le début de la saison;
- l’analyse des données est améliorée; par exemple, il est possible de calculer des distances, d’obtenir des mesures sur les pièges, de faire des comparaisons historiques et de délimiter des zones;
- un nouveau système d’information est au service de l’analyse détaillée et de la mobilisation;
- le partage des données avec les intervenants de la lutte contre le scarabée japonais est amélioré.
Le projet exploratoire sur le scarabée japonais est une réalisation remarquable de l’équipe régionale d’intervention contre ce ravageur au sein de l’ACIA, de ses collaborateurs nationaux en informatique et tous les membres de l’ACIA qui ont contribué à l’élaboration du projet! L’ACIA partage les succès et les leçons tirées de ce projet et du modèle d’inspection actuellement appliqué au scarabée japonais dans l’ensemble de son réseau national.