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Jessica Linzel, lauréate d’une bourse d’études, revisite des sujets historiques grâce aux SIG

La plupart des historiens utilisent des livres, des articles et des documents d’archives pour étudier le passé, mais un nombre croissant d’entre eux, dont Jessica Linzel, l’une des lauréates de la bourse d’études en SIG d’Esri Canada de cette année, ajoutent les SIG à leurs boîtes à outils. Elle n’avait jamais utilisé les SIG avant d’entamer les recherches pour son mémoire de maîtrise et les considère désormais comme des outils utiles pour étudier l’histoire sous un angle différent et pour la présenter d’une manière qui interpelle le public.

Les SIG historiques, ou l’utilisation des SIG dans la recherche historique, sont un domaine en pleine expansion. De la cartographie entourant des personnages historiques importants à la compilation de copies numériques de cartes historiques, en passant par le partage des connaissances traditionnelles, ils intègrent à la fois le lieu et le temps pour fournir un contexte spatial aux événements historiques et un contexte historique aux données spatiales. Jessica Linzel, lauréate de la bourse d’études en SIG d’Esri Canada de cette année à l’Université Brock, s’est récemment convertie aux SIG historiques. Je lui ai demandé par courriel de me raconter comment elle a commencé à utiliser les SIG et le rôle qu’elle entrevoit pour les SIG dans la recherche historique.

Aviez-vous utilisé les SIG avant de commencer votre travail de maîtrise? Qu’est-ce qui vous a décidé à les utiliser pour votre recherche?

La première fois que j’ai utilisé les SIG, c’était au début de mon travail de maîtrise. J’avais déjà une certaine expérience des musées locaux à ce moment-là et je souhaitais présenter mon mémoire sous forme d’un projet grand public plus largement accessible. Lorsque j’ai réfléchi au sujet sur lequel je voulais écrire, c’est mon directeur de recherche qui m’a suggéré de penser à utiliser les SIG et m’a donné quelques livres à lire sur le sujet. Il y a des chercheurs incroyables qui utilisent les SIG historiques et j’ai été heureuse de voir comment leurs projets permettaient aux lecteurs d’aller au-delà d’un texte narratif et incluaient des affichages interactifs présentant les méthodes de recherche et les conclusions. J’ai fini par choisir un sujet, et les SIG historiques m’ont semblé être un moyen passionnant de revisiter la matière. Depuis lors, j’ai assisté à des conférences et j’en ai appris davantage sur les SIG et les sciences humaines numériques, et je sais maintenant que les SIG ne sont qu’un des nombreux outils numériques que les chercheurs peuvent utiliser pour interpréter l’histoire.

Votre mémoire est une étude spatiale du développement économique de la région du Niagara. L’analyse spatiale vous a-t-elle permis de découvrir quelque chose qui vous a étonné?

J’ai été étonnée de la façon dont l’analyse spatiale a montré l’importance de la main-d’œuvre gratuite, en particulier la main-d’œuvre noire gratuite dans la région du Niagara au cours de la période postrévolutionnaire. En fin de compte, les interprétations des données SIG ponctuelles ont eu le résultat attendu, en exposant des entités physiques telles que l’escarpement du Niagara et les nombreux ruisseaux et rivières de la région comme des centres économiques où divers groupes de personnes convergeaient pour participer aux industries qui formaient les structures économiques fondamentales de la société. Cependant, la mise en avant de la géographie dans cette étude ne nie pas la valeur du facteur humain! J’ai été enthousiasmée de découvrir comment l’environnement naturel et l’action humaine étaient liés dans leurs effets sur le développement économique. Par exemple, la proximité des points de fabrication et de vente de la chaîne d’approvisionnement en farine et la main-d’œuvre noire gratuite étaient essentielles à la production de blé excédentaire pour les fermiers blancs au cours de la première décennie de colonisation de la région du Niagara. Grâce aux SIG, j’ai pu mieux comprendre comment la participation à l’économie du Niagara était limitée par des facteurs de race, de sexe et de classe, et comment les gens manœuvraient à leur manière selon leurs positions sociopolitiques subjectives au sein de la société.

Jessica Linzel a créé une carte récit pour partager les résultats de son mémoire de maîtrise sur le développement économique du Niagara de 1783 à 1812.

Vous avez été assistante d’enseignement pour plusieurs cours d’histoire à l’Université Brock. ArcGIS StoryMaps était-il utilisé dans l’un d’entre eux?

Dans le cours pour lequel j’ai été assistante d’enseignement à Brock le semestre dernier, les étudiants devaient créer des expositions de musées virtuelles... ce que de nombreux professeurs ont dû proposer pendant cette pandémie. Les étudiants ont été informés des différents types de logiciels pouvant être utilisés pour présenter leurs recherches, tels que Omeka, Scalar et WordPress, mais aussi ArcGIS StoryMaps, qui ajoute un élément spatial à leurs présentations. Le professeur, l’autre assistant d’enseignement et moi-même avons estimé que le travail des étudiants gagnerait à être présenté dans une perspective d’ensemble, le contenu de leur recherche étant lié à des points tracés sur la carte du Canada. Cela permettait aussi d’effectuer un zoom sur certaines zones et d’en apprendre davantage à leur sujet en cliquant sur les champs de description de chaque fenêtre contextuelle. Nous avons utilisé la barre de navigation et les fonctions d’action cartographique de StoryMaps pour permettre aux visiteurs de parcourir les projets des élèves à différents niveaux, ce qui leur a permis de comprendre les composantes historiques de ces projets à l’échelle nationale, provinciale et municipale.

N’ayant commencé à travailler avec les SIG qu’en tant qu’étudiante de maîtrise, y a-t-il des compétences en la matière qui, selon vous, devraient être enseignées à tous les étudiants en histoire?

Je pense que tous les étudiants en histoire devraient être informés du potentiel des outils comme les SIG pour les recherches historiques. Si je ne pense pas que les analyses spatiales du passé soient des approches fondamentales nécessaires aux historiens en herbe, je crois qu’elles peuvent être très utiles pour des projets (comme le mien) qui justifient une investigation sous un angle différent. L’utilisation des SIG en tant que partie intégrante de l’analyse historique ne convient pas à tout le monde, mais je pense que tous les étudiants devraient les connaître en tant qu’outils de présentation des conclusions de recherche. D’un point de vue pratique, je pense qu’une expérience concrète des outils numériques en général, tels que les SIG et les outils spatiaux, la construction de sites web, la création d’expositions numériques et l’analyse de textes, est importante pour ceux qui cherchent à trouver un emploi après l’obtention de leur diplôme. Les étudiants en histoire doivent penser à acquérir ces compétences lorsqu’ils envisagent des objectifs à long terme.

Quels sont, selon vous, les défis particuliers auxquels les historiens pourraient être confrontés en utilisant les SIG?

Pour un historien, les outils de travail comprennent principalement des livres, des articles et des documents d’archives. Je pense que les historiens sont confrontés à une courbe d’apprentissage abrupte lorsqu’ils utilisent les SIG, car, personnellement, j’avais l’impression d’apprendre une toute nouvelle langue. Bien qu’ils n’utilisent généralement pas de SIG dans leur travail, ce système et d’autres outils numériques ont été beaucoup plus intégrés aux départements d’histoire des universités ces dernières années, notamment à Brock!

Vous avez travaillé dans différents musées, sites historiques et archives. Certains d’entre eux ont-ils utilisé des SIG ou des cartes numériques? Pensez-vous qu’il existe des moyens qu’ils le fassent?

Je n’ai pas encore utilisé de SIG dans un contexte muséal ou d’histoire publique. Cependant, je commence un nouvel emploi en mai chez The Brown Homestead à St. Catharines, et mon employeur m’a dit que je pouvais commencer à réfléchir aux différentes façons dont nous pourrions utiliser les SIG pour établir un lien entre le public et notre site. Je suis absolument convaincue que les musées et les sites historiques peuvent utiliser (et utilisent!) les cartes numériques et les SIG de différentes manières. La première chose qui vient à l’esprit est l’utilisation efficace de cartes récits ou d’ArcGIS comme outils de présentation, comme j’ai pu le voir dans certaines institutions. Les historiens publics et les professionnels des musées tentent constamment d’établir des liens avec le public par des moyens nouveaux et attrayants. En particulier pendant cette pandémie où les gens ne sont pas autorisés à se rendre sur place en personne, il est essentiel de créer un contenu innovant pour susciter l’intérêt du public. Les SIG sont des outils qui, selon moi, permettent de présenter des études de haute qualité d’une manière facile à assimiler.

Avez-vous été en mesure d’utiliser l’une des compétences acquises lors de l’obtention de votre diplôme? Y a-t-il d’autres projets sur lesquels vous avez travaillé?

Ces derniers mois, j’ai travaillé sur un certain nombre de projets passionnants qui mettent également de l’avant les concepts d’expérience utilisateur et d’utilisation de plateformes interactives dans un cadre universitaire. La Brock Sport Oral History Archive en est un exemple : une archive numérique et interactive qui préserve l’héritage sportif canadien en recueillant des récits oraux auprès de personnes de tout le pays. Le thème du sport se poursuit dans mon travail avec le Centre for Sport Capacity de Brock où je suis chef de projet pour la création d’un livre électronique en libre accès sur la sécurité dans le sport, lequel contient également des exercices multimédias et sur des applications conçus pour aider les étudiants et les éducateurs.

Une dernière question. La bourse d’études en SIG d’Esri Canada comprend des logiciels, des livres et des formations. Y a-t-il un de ces éléments que vous avez particulièrement hâte d’utiliser?

Je suis heureuse d’avoir maintenant un accès continu au logiciel ArcGIS après l’obtention du diplôme, ce qui signifie que je pourrai continuer à travailler sur des projets comme celui-ci à l’avenir. Je suis également impatiente d’utiliser certaines des formations pour approfondir mes connaissances en matière de SIG. Il y a tellement d’outils potentiellement utiles pour l’analyse historique que je n’ai pas encore essayé, et apprendre auprès de spécialistes d’Esri Canada sera une merveilleuse façon de le faire!


Félicitations à Jess et à tous les lauréats de la bourse d’études en SIG d’Esri Canada en 2021! Pour en savoir plus sur le programme de bourses d’études et sur les récipiendaires actuels et passés, visitez le portail des bourses d’études d’Esri Canada.

Ce billet a été écrit en anglais par Krista Amolins et peut être consulté ici.