La table ronde sur les SIG : les femmes dans les SIG
En octobre, le Réseau de jeunes professionnels (RJP) d’Esri Canada a organisé une table ronde sur les femmes dans les SIG. Il s’agissait de la deuxième partie de notre série de tables rondes; vous en trouverez un enregistrement ici. Le RJP voulait créer un épisode sur l’autonomisation des jeunes femmes et de tous les jeunes professionnels qui se cherchent une place dans l’industrie des SIG.
Nous avons eu la chance de parler à quatre professionnelles des SIG : Sabrina Tang, propriétaire de SaFuture inc.; Marikka Williams, professeure de SIG au Fleming College; Debbie Verduga, spécialiste principale de la visualisation de données et des données ouvertes au sein du service de police de Toronto, et Karen Stewart, dirigeante principale de l’information de la Ville de Maple Ridge.
Nous savons tous que l’industrie des SIG est exigeante, qu’elle évolue sans cesse et qu’elle nécessite qu’on se tienne constamment à jour. Comment êtes-vous capable de gérer et de tenir à jour vos objectifs professionnels tout en maintenant un équilibre avec votre vie personnelle?
Sabrina mentionne qu’elle a de jeunes enfants et qu’il peut être difficile de trouver un équilibre entre le travail et la vie de famille. Ses conseils : « S’associer avec des personnes dont c’est la spécialité afin que chacun puisse se concentrer sur ses propres forces et intérêts. J’ai toujours rêvé de pouvoir être pigiste, car j’ai le temps de faire des promenades avec mes garçons. »
Karen a également abordé la question de l’équilibre entre la carrière et la vie personnelle : « Dans le passé, j’ai vraiment eu du mal à concilier ma carrière et ma vie personnelle […]. J’ai appris à gérer mon temps, à établir des priorités dans mon travail et à réserver du temps pour ce qui était vraiment important pour moi : mes amis et ma famille. » Il est important de prendre du temps pour soi, et encore plus maintenant.
« Je pense qu’il est important de s’établir une routine pour ne pas se laisser distraire, dit Marikka. Je dis toujours aux gens qu’il est normal de prendre une pause de l’ordinateur pour penser à soi-même parce qu’on travaille toujours et qu’on doit résoudre des problèmes, et la solution sera toujours au bout du compte meilleure si on se donne du temps pour soi. »
Pour de nombreuses organisations, la COVID-19 augmente la demande pour le type de service offert par les analystes, comme l’a fait remarquer Debbie au sein du service de police de Toronto. « Il m’a fallu un certain temps pour comprendre que l’organisation avait besoin de moi, mais il faut aussi savoir s’arrêter, explique-t-elle. J’essaie de m’imposer de prendre du recul et de décompresser. De passer le temps que je gagne ainsi avec ma famille et d’en faire du temps de qualité. »
Pour ce qui est de se tenir à jour en matière de SIG, Karen choisit le perfectionnement continu : « Il ne manque pas de contenu dans Internet : prenez cinq à dix minutes par jour pour trouver quelque chose de nouveau ou pour observer les tendances si vous voulez continuer à bien faire les choses au travail. »
Quel a été l’obstacle le plus difficile de votre carrière professionnelle jusqu’à présent?
Les réponses à cette question vont de la recherche d’un bon parcours professionnel au fait d’apprendre à dire non. Par exemple, Debbie ne s’attendait pas à devenir une professionnelle chevronnée des SIG : « Je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais faire et je dois dire que je n’ai pas encore trouvé la réponse. J’ai essayé tout plein de choses et j’ai réussi à certains moments, moins à d’autres. Mais ce ne sont pas des échecs pour autant. » Dans l’industrie des SIG en particulier, il y a « tellement de chemins à suivre et de spécialités qu’on peut se perdre à essayer de savoir où aller ».
Pour Sabrina, la confiance en elle a été un grand obstacle. « Je suis très timide. Au début, j’avais peur de poser des questions parce que je sentais que mes questions n’étaient pas importantes. » Il était aussi difficile de promouvoir son travail et de parler aux gens de ce qu’elle faisait, en plus de la barrière linguistique : « L’anglais n’est pas ma langue maternelle. Donc, pour tous ceux qui regardent, sachez que le Canada est un endroit très accueillant et la langue ne sera pas une barrière. Ouvrez simplement la bouche et posez votre question. Je reçois souvent des commentaires très positifs et de l’aide, et les gens sont très gentils. »
Karen et Marikka conviennent toutes les deux qu’il est difficile de savoir dire non au travail. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’il n’est pas nécessaire de faire ce que tout le monde veut. Et que je devrais faire du mieux que je peux à chaque moment en étant heureuse d’être là où j’en suis, dit Karen. Je pense que le plus gros problème a été de trouver mon bonheur et de le conserver aussi longtemps que possible. Ensuite, il faut décider où aller et travailler dans ce sens. » Marikka a attaqué la question d’un autre angle et s’est posé des questions sur la nécessité de prouver l’importance des SIG dans une organisation. « C’était difficile de faire comprendre aux gens qu’ils étaient toujours une valeur ajoutée au processus, mais que la technologie peut vraiment faciliter la planification et accroître l’efficacité et l’équilibre au sein d’une organisation. » Elle ajoute que la chose s’applique d’ailleurs à de nombreuses disciplines, de la consultation au génie, en passant par l’enseignement : « Dans un rôle d’enseignant, il ne suffit pas de montrer l’importance des SIG aux étudiants : il faut montrer que c’est aussi bon pour l’établissement lui-même. »
Qui vous a inspirée? Avez-vous eu des mentors dans votre carrière? Quels conseils donneriez-vous à une personne qui recherche activement un mentor?
« Il faut des mentors qui assurent un équilibre entre santé professionnelle, émotionnelle et mentale, explique Debbie. Je n’aurais pas pu faire ce que j’ai fait sans ma mère. Elle m’a appris à ne pas avoir peur et à me retrousser les manches […]. Le monde des technologies est dominé par les hommes, donc il faut trouver quelque chose qui vous encourage et vous montre que vous pouvez accomplir de belles choses. »
C’est aussi un parent qui a été une source d’inspiration pour Karen. Son père est ingénieur en mécanique et tout au long de sa carrière, Karen a vu l’importance des nouvelles technologies et du perfectionnement continu, des réalités qui s’appliquent parfaitement aux SIG. Son premier mentor a été son directeur à la Ville de Surrey : « Il m’a embauchée et avait une incroyable vision pour les SIG […]. Nous sommes encore en contact aujourd’hui, et la relation est devenue plus personnelle que professionnelle. »
Marikka a eu de nombreux mentors tout au long de sa carrière et de sa formation, dont Jack Dangermond : « Je ne peux pas ne pas le mentionner. Il a été un mentor virtuel pour moi. J’ai ce que j’appelle des mentors virtuels, soit des gens que je suis sur LinkedIn, des gens qui sont les meilleurs dans leur domaine […] et des inconditionnels des SIG. »
Dans son premier emploi dans le domaine des SIG chez Esri Canada, Sabrina a trouvé de nombreux mentors parmi ses collègues, dont Chris North, le directeur de l’adoption de la technologie. « En suivant ses conseils, j’ai appris ce que serait la vie d’une pigiste […]. Il a toujours été très patient avec ses suggestions. Beaucoup de produits de mon entreprise sont le fruit de ses efforts, car il me mettait toujours au défi, me disait toujours ce que les gens recherchaient. » Voici le message que voudrait transmettre Sabrina à toute personne qui cherche un mentor : « N’importe qui peut être votre mentor, mais ce doit être quelqu’un en qui vous avez confiance, que vous considérez comme un modèle et que vous respectez. »
Karen va dans le même sens : « Le mentorat n’est pas unidirectionnel. J’ai beaucoup appris en tant que mentore, car les mentorés peuvent aussi vous montrer beaucoup de choses. Ne sous-estimez pas le pouvoir du mentorat et de la collaboration qui y est associée. »
Faire du bénévolat dans un domaine qui vous intéresse peut être un excellent moyen de trouver un mentor. Cependant, les possibilités d’activités sont actuellement quelque peu limitées en raison de la COVID-19. « En ce moment, LinkedIn est une grande ressource, dit Debbie. Il est bon d’aller chercher des personnes dont la carrière suscite votre intérêt. Et de leur demander comment ils en sont arrivés là. J’irais parler à des femmes qui occupent des postes de direction et je leur poserais des questions sur ce qu’elles ont fait pour en arriver là où elles sont. »
Il peut être difficile de faire du réseautage lorsqu’on est un nouvel immigrant au Canada ou un nouveau professionnel. La COVID-19 a rendu les choses encore plus difficiles, car les possibilités de réseautage en personne ont été mises en veilleuse.
Comment recommandez-vous d’établir des contacts utiles pour développer votre entourage professionnel?
Toutes nos expertes ont convenu qu’il faut mettre sa peur de côté pour faire du réseautage, surtout pendant la COVID-19. « Selon moi, pour le nouvel immigrant ou le nouveau professionnel dans ce domaine, les associations professionnelles restent la meilleure option, déclare Karen. Dans le passé, les conférences se tenaient généralement en personne, et ce fut tout un défi à relever pour des associations comme l’ASIM, l’URISA et la Public Works Association en Colombie-Britannique. Il y a tellement d’associations, il faut savoir chercher pour trouver celle qui vous convient à vous, à vos convictions et à votre carrière. »
Si la chose semble trop intimidante, Marikka recommande de simplement montrer de l’intérêt : « Il suffit d’aller parler aux vendeurs lors de conférences et de leur demander de l’information sur leur produit. Établissez des contacts par des gazouillis et vous finirez par bâtir des relations. Participez à des conférences virtuelles et, lorsque les rencontres en personne reprendront, allez-y, engagez-vous et montrez votre intérêt. J’ai été aux premières loges d’une réussite en SIG avec Jack Dangermond, qui a expliqué qu’il a appris à faire la différence entre être intéressé et être intéressant.
Il y a aussi la possibilité de chercher des occasions plus proches de chez soi. « Vous devrez profiter des occasions qui se présenteront au travail, dit Debbie. Un bon exemple serait des conférences où vous pouvez vous porter volontaire pour faire une présentation au nom de l’organisation. C’était effrayant pour moi de faire ma place ainsi; les premières présentations que j’ai faites m’ont terrifiée. Mais c’est la manière de s’y prendre, malheureusement. Les gens ne vont pas venir vous chercher, alors vous devez vous mettre à l’œuvre et vous porter volontaire pour animer un atelier ou créer une formation. »
Si la montagne est encore trop haute, Sabrina vous recommande d’essayer quelque chose en ligne : « L’un des outils que j’utilise est LinkedIn. Il y a beaucoup de personnes géniales dans le domaine des SIG sur LinkedIn qui veulent établir des liens et aider les autres. C’est un bon endroit où aller chercher des idées et trouver des choses à faire ensemble. » Dans l’ensemble, le plus grand conseil qu’elle donne, c’est de demeurer présent. « Je m’inscris comme bénévole pour la prochaine conférence des utilisateurs d’Esri. J’encourage également davantage de personnes à faire du bénévolat pour des organisations ou associations de toutes sortes. »
Quelle est la manière la plus appropriée d’approcher un professionnel comme vous sur une plateforme de réseautage, et quelle plateforme préférez-vous utiliser pour vos relations professionnelles?
Outre les possibilités offertes en personne par des organisations comme les associations professionnelles, les expertes ont toutes convenu que LinkedIn est la meilleure plateforme à utiliser pour établir des contacts professionnels. « J’aime utiliser LinkedIn dans mon quotidien, une demi-heure chaque jour […] à regarder ce qui s’y trouve et à parler aux gens », dit Sabrina.
Debbie abonde dans le même sens et ajoute qu’il faut bien réfléchir à la manière d’établir les contacts. « Si vous deviez prendre contact avec quelqu’un sur cette plateforme, faites quelques recherches auparavant pour vous donner des raisons de communiquer avec la personne. Personnellement, je n’ai pas pris contact avec personne, mais j’ai répondu à des offres d’emploi ou à des articles de mon organisation de manière à susciter des conversations plus naturelles. »
Karen a suggéré une technique consistant à rechercher un contact mutuel qui peut communiquer avec cette personne pour vous. « Je reçois souvent beaucoup de demandes sur LinkedIn, mais si quelqu’un m’envoie un message au nom d’une autre personne, je vais accepter parce que cette personne m’est si bien présentée », dit-elle.
Marikka est d’accord. « Le temps est limité, et il est donc important de faire des recherches, de comprendre le pourquoi et de donner un sens à ce qu’on fait. LinkedIn est la plateforme professionnelle que je recommande, mais j’aime bien suivre les gens sur Twitter et retransmettre des gazouillis. C’est ce que je fais probablement le plus souvent. Twitter est en quelque sorte le travail que je fais dans mes temps libres. Si j’aime vraiment la publication, je vais la partager sur mon LinkedIn. »
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui viennent d’arriver dans le domaine des SIG et qui souhaitent laisser leur marque au sein de leur organisation?
« Soyez positive, soyez patiente, soyez proactive, dit Marikka. Et les résultats se feront attendre, il faut en être consciente. Il faut du temps, de la patience, une présence proactive. Donc être présente, faire sa place, partager cette positivité, suivre des ateliers pour faire sa marque afin que les gens puissent voir le potentiel des SIG, et vous aurez des résultats tangibles. »
Sabrina parle également des effets de l’optimisme : « Je pense que si on veut laisser sa marque dans une organisation ou dans son entourage, le plus important est de faire preuve d’optimisme. Tant que vous restez optimiste et que vous affichez cette volonté de vous améliorer et d’aider, des occasions se manifesteront à vous », dit-elle.
« Mon conseil se divise en trois parties, explique Debbie. Premièrement, diversifiez vos compétences. Ce qui m’a aidée, c’est d’apprendre à innover et à concevoir de manière créative. Vous devenez ainsi une référence à consulter pour beaucoup de situations. Deuxièmement, sortez de votre zone de confort. Nous arrivons tous à un point où nous sommes à l’aise et en sécurité dans notre fonction. Mais nous n’apprenons que devant l’adversité. Et troisièmement, mettez la peur de côté. Foncez pour sortir de votre zone de confort, foncez pour apprendre de nouveaux mots, pour apprendre comment les choses fonctionnent. Pour y parvenir, il ne faut pas avoir peur de faire sa place et de poser des questions. »
Nous concluons avec le grand message de Karen, celui de « trouver sa propre voie sans jamais sous-estimer son pouvoir. La plupart d’entre nous ne se rendent pas compte de l’effet que nous avons sur les autres au quotidien. » Aux nouvelles recrues dans le domaine des SIG, elle recommande de mettre à profit tout ce qui a été appris et de trouver des moyens d’améliorer les flux de travaux. « Il faudra peut-être un peu plus de temps pour créer un script, mais le jeu en vaut la chandelle […]. Comme l’a dit Thomas Edison : “Il y a moyen de faire mieux. Trouvez-le.” »
Pour écouter d’autres tables rondes sur les SIG animées par le RJP d’Esri Canada, consultez la chaîne YouTube d’Esri Canada.
Ce billet a été écrit en anglais par Erin Vedam et peut être consulté ici.