Pourquoi le Canada doit-il continuer à développer son infrastructure de données spatiales?
Le Canada s’est toujours classé parmi les pays les plus performants en matière d’utilisation efficace des données géospatiales. Or, le secteur des applications et des activités géospatiales croît rapidement dans le monde entier. C’est pourquoi il est important pour le Canada de continuer à étendre son utilisation des données spatiales, en particulier leur partage. L’Infrastructure canadienne de données géospatiales (ICDG) est l’infrastructure de données spatiales (IDS) nationale du Canada. Bien qu’elle ait une bonne réputation à l’échelle mondiale, il est important qu’elle fasse l’objet d’améliorations continues, non seulement par les gouvernements, mais aussi par le secteur privé. Lisez ce billet de blogue pour découvrir comment le Canada peut accroître et améliorer ses investissements existants dans l’IDS et les avantages de tels investissements.
Il y a quelques mois, j’ai lu un article dans une revue spécialisée qui portait sur l’importance de l’infrastructure de données spatiales nationale (NSDI) aux États-Unis. Cet article présentait plusieurs concepts qui, à mon avis, s’appliquent très bien à la situation de l’IDS au Canada. Voici un aperçu de ces concepts importants et de la manière dont ils pourraient influer sur l’ICDG ou y être appliqués.
Le premier concept présenté dans l’article concerne l’établissement d’une fiche de rendement pour l’IDS. J’ai présenté ce concept à des conférences et j’ai rédigé des articles de blogue à ce sujet dans le passé. Peter Drucker a dit un jour : « ce que vous ne pouvez pas mesurer, vous ne pouvez pas l’améliorer ». Alors, comment mesure-t-on une IDS? Essentiellement, le concept de fiche de rendement aux États-Unis consistait à établir des critères de notation, puis à noter la NSDI en fonction de chaque critère. Si nous utilisons les mêmes critères de notation au Canada pour évaluer l’ICDG et en produire la fiche de rendement, nous pouvons conclure qu’elle s’en sort relativement bien. D’après mon évaluation par rapport aux critères, la note de l’ICDG a légèrement augmenté en 2018 par rapport à celle que j’avais établie en 2015.
Mon évaluation des données-cadres de l’ICDG en 2015 et en 2018 selon les critères utilisés pour établir la fiche de rendement 2018 de l’infrastructure de données spatiales nationale des États-Unis. Comme on peut le constater, les notes de certaines de ces données nationales canadiennes ont augmenté, tandis que d’autres sont restées telles quelles ou ont baissé. Cette évaluation a été présentée au Conseil canadien de géomatique (COCG) en 2018.
Le deuxième concept souligne l’importance d’une IDS nationale. L’auteur de l’article présente plusieurs applications (p. ex., les catastrophes naturelles) où une IDS joue un rôle essentiel dans le partage rapide et facile d’informations géospatiales entre ceux qui possèdent les données et ceux qui en ont besoin. L’auteur de l’article mentionne également qu’il avait été impossible de prévoir la crise hypothécaire américaine de 2008 parce qu’aucun registre national sur la propriété foncière n’existait à l’époque (et n’existe d’ailleurs toujours pas). Apprenez-en davantage sur l’importance des IDS.
Un autre concept présenté dans l’article concerne l’adoption en 2018 de la Loi sur les données géospatiales aux États-Unis, qui stipule que les différents ordres de gouvernement, les établissements d’enseignement et le secteur privé doivent travailler ensemble au développement de l’infrastructure de données géospatiales nationale. Au Canada, une telle législation n’existe pas. On a plutôt adopté l’Accord canadien de géomatique, lequel consiste simplement en un accord de partage de données et de collaboration au développement de l’ICDG. Toutefois, la portée de l’Accord canadien de géomatique est limitée à quelques organismes signataires. Elle ne comporte aucune mesure visant à obliger les gouvernements ou d’autres entités à partager leurs données, ou encore à dicter la façon dont ils devraient partager leurs données au sein de l’ICDG.
Une partie du préambule de l’Accord canadien de géomatique 2014-2019.
Le dernier concept important présenté dans l’article concerne l’inclusion du secteur privé dans la Loi sur les données géospatiales. La loi contient une disposition spécifique qui stipule ce qui suit : « Le Comité et chaque organisme couvert peuvent, dans toute la mesure du possible, s’appuyer sur le secteur privé aux États-Unis et l’utiliser pour la fourniture de données et de services géospatiaux. » Aucune disposition de ce type concernant le recours au secteur privé n’est prévue dans l’Accord canadien de géomatique 2014-2019. En outre, au Canada, la géomatique est devenue une activité beaucoup plus vaste qu’il y a dix ans. Elle dépasse désormais largement les seules limites de gestion ou de contrôle par les gouvernements fédéral et provinciaux. D’autres gouvernements, le secteur privé et les établissements d’enseignement doivent être visés par le nouvel Accord canadien de géomatique ou, idéalement, par une loi sur la géomatique.
Ainsi, bien que le Canada continue de développer et d’améliorer l’ICDG, il y a encore des progrès à faire. À l’avenir, le Canada devra mesurer son rendement en matière d’IDS et en rendre compte; continuer d’étendre l’utilisation de l’IDS à de nouveaux domaines d’application tels que la sécurité publique, le secteur maritime, l’énergie, les villes intelligentes et le service 9-1-1 de prochaine génération (9-1-1PG); envisager de promulguer une loi sur la géomatique pour améliorer l’efficacité, l’efficience, la convivialité et la portée de l’IDS; et enfin, travailler plus étroitement avec le secteur privé pour accélérer la modernisation et l’utilisation de l’ICDG.
Ce billet a été écrit en anglais par Gordon Plunkett et peut être consulté ici.